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PORTRAIT ÉMOTIONNEL #11 Témoignage de Mathilde Héliès

ÉMOTIONS PARTAGÉES Témoignage de Mathilde Héliès

Témoignage de Mathilde Héliès

Pour à la fois sensibiliser au rôle et à l’impact des émotions dans le travail mais aussi libérer la parole émotionnelle, Fullémo réalise un recueil de témoignages sincères et authentiques.

Il s’agit de répertorier les bonnes pratiques sous forme d’interviews écrites autour de six questions dont les réponses contribuent à l’éveil général.

Par ces partages d’expériences issues de tous types d’environnements, nous souhaitons diffuser des grilles de lecture, des manières d’aborder les situations qui peuvent résonner et inspirer nos lecteurs et ainsi favoriser leur épanouissement professionnel.

Pour en savoir plus sur les motivations à l’origine de ce recueil de témoignages : cliquez ici

Je me suis donc prêtée au jeu de cette interview 100% émotionnelle, un exercice qui n’était pas prévu au moment où j’ai lancé ce recueil.

L’expérience s’est avérée ludique et je m’y suis finalement prêtée avec enthousiasme ! Vous constaterez que je considère que « Les émotions ont une vertu homéostasique »

Je me suis aperçue que c’était une opportunité de me livrer et de partager avec vous certains de mes tuyaux !

1. Comment définis-tu ton métier ?

Mathilde Héliès : J’ai fait de ma passion mon métier : je suis passionnée par les relations humaines et c’est depuis toujours le métier dans lequel j’exerce.

Depuis 2 ans je dirige Fullémo, cabinet de Conseil RH que j’ai créé, Fullémo me permet de me réaliser pleinement !

La nature humaine, ses ressorts, ses motivations, sa complexité m’ont toujours fascinée. Cette passion a pris racine tôt et j’ai commencé très jeune à dévorer des ouvrages de psychologie, de communication et de développement personnel (Freud, Lacan, PNL, Analyse transactionnelle, CNV…) et cela ne m’a jamais quitté. C’est un champ d’exploration et d’apprentissage inépuisable ! En outre, chaque rencontre, chaque nouvel environnement stimule ma curiosité, chaque client est par nature singulier et il ne peut pas exister de recette miracle. Ce qui me stimule c’est de façonner l’approche adaptée à mon interlocuteur que ce soit pour une entreprise ou un individu. J’aime l’idée d’adopter une approche artisanale qui intègre pleinement la singularité des problématiques et enjeux.

L’intelligence émotionnelle est mon sujet de prédilection. J’ai commencé à m’intéresser à l’intelligence émotionnelle en 2006. A cette époque je réalisais des assesment center qui sont des mises en situations pour observer des comportements. Je me souviens du moment où j’ai eu ce déclic : ce que j’observais dans la communication n’était que la face émergée de ce qui se jouait au niveau émotionnel. J’ai alors été happée par ce champ émotionnel que je découvrais et qui est devenu central dans ma manière d’appréhender les relations humaines. En explorant ce domaine et notamment à travers les conférences que j’ai réalisées à partir de 2010 sur l’impact de l’intelligence émotionnelle sur le bien-être et la performance, j’ai touché du doigt à quel point le sujet était méconnu par les entreprises. Parler d’émotions en entreprise s’avérait carrément tabou ! Dès lors, je me suis sentie investie d’une mission pour permettre un changement de regard sur le rôle et l’impact des émotions en entreprise. C’est d’ailleurs ce qui m’a amenée à travailler avec Christophe Haag sur la réalisation du QE Pro, précisément pour permettre aux entreprises d’identifier les compétences émotionnelles de leurs collaborateurs. 

Je passe à minima 30 jours de formation par an pour enrichir en permanence mes grilles de lecture et avoir de nouvelles clés de compréhension, ces formations enrichissent nos formations et nos accompagnements.

2. Quel est le sens que tu donnes à ton Job ?

Mathilde Héliès : Favoriser l’épanouissement professionnel !

J’en ai fait le « Why » de Fullémo. Toutes mes décisions et nos actions s’inscrivent dans cette vision.

Quand je parle d’« épanouissement professionnel», j’entends par là permettre à chacun d’être à son plein potentiel (intellectuel et physique). Que ce soit dans nos projets de conseil, de coaching, de formation, nous nous appuyons sur l’intelligence émotionnelle pour booster le bien-être et la performance des collaborateurs. Ainsi, en complément de l’approche purement RH, nous travaillons sur l’expérience multisensorielle des collaborateurs en utilisant l’art en entreprise pour stimuler leur créativité ou le design olfactif pour créer une signature olfactive par exemple.

L’objectif reste le même : créer des conditions de travail qui soient agréables et positives pour favoriser cet épanouissement professionnel.

Notre approche répond aux enjeux d’attractivité, de fidélisation et d’engagement des collaborateurs et ces enjeux sont stratégiques pour les entreprises. Nos apports contribuent ainsi au développement des entreprises du territoire ce qui renforce plus encore le sens que je donne à mon job !

3. Quels impacts ont tes émotions sur ton travail ?

Mathilde Héliès :  Mes émotions c’est mon radar, ma boussole. Je suis ultra-connectée à mes émotions : c’est un dialogue permanent, j’embrasse chacune d’entre elles. Les émotions ont une vertu homéostasique : accueillir l’émotion, décrypter son message et y répondre nous aide à (re)trouver l’équilibre émotionnel, et par là-même notre bien-être et notre performance. Elles nous permettent de respecter nos valeurs et donc de se respecter, de prendre soin de soi. Christophe André utilise une jolie formule pleine de sens à ce sujet : « Les émotions sont le trait d’union entre le corps et l’esprit ». 

Entre deux activités différentes par exemple, je « m’auto scanne », pour identifier mon « état émotionnel » et me questionne sur la pertinence de cet état par rapport à l’activité qui m’attend. Cette émotion que je ressens est-elle ou pas adaptée à la situation ou à mon objectif opérationnel ?

C’est très rapide, c’est devenu un automatisme avec la pratique et une minute me suffit pour faire ce point de moi avec moi. Cela me permet de gagner en efficacité !

Cette approche me permet aussi d’être très connectée à mes besoins : une émotion agréable m’informe qu’un besoin est nourri et une émotion désagréable m’informe qu’un besoin n’est pas satisfait. Et je sais que je suis la mieux placée pour nourrir mes besoins, je m’y attèle !

Pour des décisions importantes, mes émotions me mettent sur la voie, je suis particulièrement attentive aux sensations corporelles, aux ressentis, c’est à dire à la dimension physiologique des émotions (l’émotion se manifeste d’abord dans le corps).

Pour prendre une décision, je commence par me poser la question (à moi-même). Par exemple, est-ce mieux que je fasse (option A) ou (option B) ? Immédiatement j’ai une réponse physiologique de ce qui me convient le mieux. Cela ne se substitue pas à un processus de décision plus structuré et rationnel quand le sujet le nécessite mais c’est un éclairage dont je ne me prive pas.

Travailler sur le champ émotionnel m’a, à titre personnel, permis de régler mes problèmes de migraines qui me handicapaient véritablement. Du coup je suis vigilante et attentive à toutes les alertes émotionnelles qui peuvent se manifester et veille à accueillir pleinement mes émotions.  Je rencontre de nombreuses personnes qui somatisent justement parce qu’elles ne sont pas connectées à leurs émotions, qu’elles ne s’écoutent pas. Et je vois des personnes en état de mal-être profond, sujets à une grande fatigue émotionnelle. Je constate aussi une multitude de conflits en entreprises, cela n’est pas naturel de se connecter à l’émotion de l’autre alors que le langage émotionnel est universel !

Je considère que l’entreprise doit être un lieu qui véhicule des émotions saines, agréables et constructives. Mais comment prétendre manager des collaborateurs quand on est soi-même incapable de faire de ses émotions nos alliées et qu’à défaut on fait subir aux autres nos états émotionnels ? Je partage totalement la vision de Peter Drucker à ce sujet : « celui qui ne peut pas se gérer soi-même ne peut gérer personne. » Donner les clés d’une équipe à une personne émotionnellement instable peut polluer l’environnement et ce, bien au-delà de son propre périmètre.

Je vous partage une citation de Maya Angelou qui me parle beaucoup : « Les gens oublieront ce que vous avez dit, ils oublieront ce que vous avez fait, mais n’oublieront jamais ce que vous leur avez fait ressentir ». L’empreinte émotionnelle qu’on laisse lors d’une interaction notamment managériale peut être stimulante comme elle peut s’avérer catastrophique. Je rencontre tant de personnes qui vivent des expériences désagréables dans la sphère professionnelle, cela génère beaucoup de fatigue émotionnelle et on arrive à des cas de burn out que l’on pourrait pourtant éviter en développant les compétences émotionnelles des managers. Manager, c’est manager des émotions ! On a d’ailleurs bien vu les limites des techniques habituelles de management dans la période Covid, période dans laquelle les uns et les autres ont pu être particulièrement chahutés émotionnellement. Cela a généré des difficultés pour un grand nombre de managers pour à la fois appréhender leurs propres émotions et accueillir celles de leurs collaborateurs.

Développer les compétences émotionnelles s’apprend et devrait s’apprendre dès la plus tendre enfance voire faire l’objet d’une prescription médicale !  Cela génère authenticité dans les relations et alignement personnel. Barbara L. Fredrickson souligne d’ailleurs que “Les émotions positives ouvrent l’esprit et élargissent la palette des pensées et des actions. Elles engendrent des comportements flexibles, accueillants, créateurs et réceptifs”. Il s’agit là de compétences convoitées en entreprises !

4. Raconte-moi une expérience dans laquelle tu t’es sentie dépassée par tes émotions (ou tu as craint d’être dépassée) ?

Mathilde Héliès : C’était lors de ma dernière expérience en entreprise, plus précisément lors du dernier séminaire avec mes équipes. Je savais que je partais mais je ne leur avais pas annoncé car les départs de membres du Comité de Direction suivaient un processus de communication spécifique.

Avant leur arrivée, j’avais un gros nœud dans le ventre, à m’en couper le souffle. Je me sentais complètement désalignée, en décalage avec la situation.

J’étais très attachée à mes collaborateurs et je savais que je n’aurais pas d’autre occasion de leur dire « au revoir » en face à face (ils étaient dispersés sur toute la France). En outre, c’était un mois de septembre, pour un séminaire de rentrée dont la vocation était certes de présenter les orientations stratégiques et opérationnelles à venir, mais surtout d’impulser la dynamique et de les mettre en énergie.

Je ressentais un mélange de honte et de culpabilité (de leur cacher mon départ et une partie de moi avait le sentiment de les abandonner), et de la tristesse (liée à la séparation, la rupture à venir du lien que nous avions). Bref, à ce stade, je n’avais pas vraiment la tête à faire la fête et ne me sentais pas dans une bonne énergie.

Le fait que je prenne le temps d’accueillir ce qui se passait chez moi, et de décrypter ce qui se jouait profondément m’a aidé à identifier mes besoins.

Pour répondre à mes besoins, je passe en mode plus cérébral.

Dans la situation évoquée, je me suis d’abord isolée pour me recentrer. Cette pause, m’a permis d’identifier que mon besoin était de préserver le lien avec mes collaborateurs. Je me suis replacée dans le moment présent (et j’ai donc d’arrêté de penser à l’après). J’ai revisité la situation en changeant de perspective et en me disant que j’avais un temps précieux devant moi pour « profiter » de mes collaborateurs et partager avec eux. Changer le regard qu’on pose sur une situation permet de prendre de la hauteur et d’aborder les évènements sous un angle plus favorable et confortable.

Ils m’ont envoyé une telle énergie que la journée et la soirée étaient encore mieux que l’idée que je m’en étais faite !

La vie d’entrepreneure est par nature un yoyo émotionnel permanent, j’ai la chance d’être outillée pour bien vivre chaque étape au niveau émotionnel. Pour moi, ce qui est important c’est d’en retirer systématiquement des apprentissages sur moi en premier lieu, sur ma façon d’aborder les situations, je suis consciente que si le résultat ne me convient pas, je dois revisiter la stratégie.

J’ai la chance d’avoir un cadre de vie entouré de nature, je fais régulièrement des balades en forêt cela m’aide à prendre du recul et c’est une grande source d’inspiration et de créativité.  

5. Quelles sont tes techniques pour rester confortable dans des situations qui t’impactent émotionnellement ?

Mathilde Héliès :  J’ai des rituels dès le matin qui consistent à commencer mes journées en prenant un temps pour moi, pour être au top afin d’aborder la suite, cela passe par du sport, des ancrages, l’expression de la gratitude… C’est déjà une première étape que de me mettre dans de bonnes dispositions.

En amont d’une situation « à enjeu » j’utilise diverses techniques de préparation mentale (PNL), ou de visualisation par exemple.

In situ, je suis à l’écoute en temps réel de ce qui me traverse pour répondre au plus vite aux besoins que mes émotions manifestent. J’utilise beaucoup les techniques de respiration.

Nos pensées ont un impact fort sur les émotions, l’histoire que je me raconte va influer sur mon état émotionnel, c’est sûr que si en pleine conférence je me dis que je suis nulle, cela ne me sera pas favorable ! Donc je prends soin de moi et je me ménage avec ma petite voix, cela ne sert à rien de se faire du mal !

J’ai des mantras inspirants qui me permettent aussi de relativiser par exemple un du Dalaï Lama : « Face à un problème, si je peux faire quelque chose, il est inutile de m’inquiéter, si je ne peux rien faire, il n’est pas utile de m’inquiéter. » 

6. Comment définis-tu l’épanouissement professionnel ?

Mathilde Héliès : Pour moi l’épanouissement professionnel c’est quand on n’a pas l’impression de travailler ! Pour le dire autrement, c’est quand le travail procure tellement de plaisir qu’il devient un loisir. Confucius le dit mieux que moi : « Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie ». C’est cela que j’expérimente au quotidien.   

D’ailleurs, j’occupe une bonne partie de mon temps libre à me documenter sur les sujets sur lesquels j’interviens puisque c’est une passion ! L’exploration de la psychologie humaine est infinie, j’ai toujours une trentaine d’ouvrages en stock et je pars en vacances en trimbalant ma bibliothèque !

Au quotidien, mes collaborateurs, rencontres et réalisations me stimulent au plus haut point !

J’ai choisi de travailler avec des personnes que j’apprécie véritablement, voire que j’aime profondément, j’ai ma sœur avec moi, des amies de longues dates et des rencontres certes plus récentes mais prometteuses !  Dans le boulot comme dans le perso, j’ai besoin d’avoir des relations profondes avec ceux qui m’entourent.

Je me sens ainsi dans un environnement sain et positif.

Cela passe aussi par un environnement de travail ultra stimulant : dès l’arrivée au bureau, j’apprécie le wall drawing d’Arthur Nowak, un des artistes avec lesquels nous travaillons. La signature olfactive Fullémo, se diffuse elle aussi au moment de l’arrivée. Le bureau est entouré de verdure, de fleurs … C’est idyllique !

Au quotidien, je me sens alignée avec mes valeurs et j’ai le sentiment de mettre mon énergie au bon endroit.

Je suis aussi fière de notre impact sur le changement de mindset concernant le rôle et la place des émotions en entreprises comme levier du bien-être et de la performance ! Je peux observer les résultats de nos interventions, cela donne du sens à nos actions et ce sentiment d’utilité qui me galvanise !

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