Avec la série Portrait Émotionnel, Fullémo donne la parole à des femmes et des hommes qui incarnent, à leur manière, l’intelligence émotionnelle au travail.
À travers ces témoignages sincères et inspirants, nous cherchons à sensibiliser au rôle des émotions dans la vie professionnelle et à libérer une parole encore trop souvent tue en entreprise.
Chaque portrait est structuré autour de six questions identiques, et retranscrit avec soin pour préserver l’authenticité et la profondeur des échanges.
Notre intention : inspirer, transmettre des clés, et favoriser l’épanouissement professionnel en rendant visibles des récits vécus.
- Émilie Legoff, dirigeante énergique et engagée
- Comment définis-tu ton métier ?
- Quel est le sens que tu donnes à ton job ?
- Quels impacts ont tes émotions sur ton travail ?
- Raconte une situation où tu t’es sentie dépassée par tes émotions
- Quelles sont tes techniques pour gérer les situations émotionnelles ?
- Comment définis-tu l’épanouissement professionnel ?
- Ce que nous retenons de ce Portrait Émotionnel
Émilie Legoff, dirigeante énergique et engagée
Émilie Legoff est Présidente de Troops et co-présidente de French Tech One Lyon St-Étienne.
Ceux qui la connaissent savent qu’elle aime vivre ses émotions dans les extrêmes, avec intensité et franchise.
Dans ce portrait émotionnel, elle partage sans détour son quotidien émotionnel de dirigeante, entre pression, lucidité, colère maîtrisée et recherche d’alignement.
Un grand merci à elle pour ce moment de vérité, puissant, incarné, et profondément utile.
Comment définis-tu ton métier ?
Émilie Legoff : Je suis Présidente de Troops, une société d’édition de logiciels qui accompagne les groupes d’intérim dans la phygitalisation de leur offre.
Cela signifie que nous cherchons à reconnecter le digital à l’humain, et à moderniser un secteur tout en conservant ce qui fait sa richesse : la relation humaine.
Mon métier, au fond, c’est gérer les hommes, la stratégie et la prise de risques. Ce sont ces trois dimensions qui rythment mes décisions au quotidien.
Commentaires de Mathilde Héliès : La phygitalisation désigne le croisement du physique et du digital pour enrichir l’expérience client, candidat ou collaborateur.
Quel est le sens que tu donnes à ton job ?
Redonner une place centrale à l’humain dans l’intérim
Ce secteur a souvent été considéré comme froid, purement transactionnel.
Mon objectif, c’est de remettre de l’humain au cœur du système. C’est un vrai enjeu de dignité, de reconnaissance, de lien.
Créer un environnement d’épanouissement pour les collaborateurs
Mon job, c’est aussi d’offrir du challenge, du bien-être, de la reconnaissance professionnelle à toutes les personnes qui travaillent avec moi.
Je veux qu’ils puissent s’épanouir dans leur job, qu’ils aient la sensation d’apprendre, de progresser et d’être considérés.
Quels impacts ont tes émotions sur ton travail ?
La stabilité comme exigence intérieure
Mon rôle, c’est de ne pas montrer mes émotions, d’être la plus stable possible vis-à-vis de mes collaborateurs.
Je m’efforce de renvoyer une image d’optimisme, même quand ce n’est pas toujours ce que je ressens sur le moment.
Ce que je ressens vraiment peut être bien différent du message que je choisis de transmettre.
Le goût du grand huit émotionnel
Ce qui me fait vibrer dans la vie, ce sont les émotions extrêmes, dans un sens comme dans l’autre.
Et c’est exactement ce que je vis en tant que cheffe d’entreprise.
Les émotions sont décuplées par la pression, les responsabilités, les risques.
Chaque décision, chaque événement peut tout changer dans une journée.
On vit un véritable yoyo émotionnel. Et c’est ce qui me fait me sentir vivante.
Raconte une situation où tu t’es sentie dépassée par tes émotions
Une charge émotionnelle fréquente… mais contenue
Sincèrement, cela m’arrive assez régulièrement.
Le stress s’accumule, la fatigue s’installe, les mauvaises nouvelles s’enchaînent. Et il faut quand même tenir.
Ma plus grande peur, c’est de ne pas réussir à cacher mes émotions.
Si je m’effondre devant mes équipes, dans la tristesse ou la colère, je perds ma fonction de soutien.
Je pense que ça ne se voit pas. Mais une fois par mois au moins, j’ai besoin d’aller marcher avant un rendez-vous, juste pour reprendre le contrôle.
Une situation emblématique : colère, injustice et fatigue
En 2014, j’ai accouché de mon troisième enfant.
48h plus tard, je devais me rendre à Paris pour une conférence de presse liée à l’entrée en bourse de ma société.
Je n’avais pas trouvé de garde pour mon fils, alors je suis partie avec lui.
En arrivant, des financiers m’ont dit : « Ce n’est pas une crèche ici. »
J’étais choquée, blessée, en colère. Mon ex-conjoint, présent avec moi, n’a subi aucune remarque.
Ce moment m’a littéralement submergée. J’étais épuisée, en post-partum, et j’ai été incapable de répondre à ces attaques.
J’ai préféré sortir, respirer, me recentrer… puis affronter cette conférence.
Les femmes journalistes m’ont soutenue. Ce sont les hommes qui ont été les plus durs.
C’est un épisode que je n’oublierai jamais.
Quelles sont tes techniques pour gérer les situations émotionnelles ?
Prendre de la distance immédiate
Quand je sens que l’émotion devient trop forte, je mets l’action sur pause.
Je n’agis pas à chaud. Je reviens sur la situation une heure, un jour ou une semaine plus tard si besoin.
Rationnaliser pour apaiser
J’ai un réflexe : je déroule dans ma tête les pires scénarios.
Quels sont les risques ? Qu’est-ce qui peut réellement arriver ?
Je liste les pour et les contre. Cela me permet de relativiser et de reprendre la main.
Cette technique m’aide à dédramatiser et à retrouver des solutions plutôt que de rester figée dans l’émotion.
L’émotion n’est jamais inutile. Mais je choisis ce que je montre et ce que je garde.
Certaines émotions me freinent, d’autres m’aident à agir.
Comment définis-tu l’épanouissement professionnel ?
Une vision globale et alignée
Pour moi, il n’y a plus de cloison entre vie pro et vie perso.
L’épanouissement ne se découpe pas. C’est une globalité.
Réussir sa vie ne se limite plus à réussir sa carrière.
L’équilibre, la liberté, les valeurs, le sens : tout cela doit coexister.
Nous nous épanouissons professionnellement en respectant nos besoins personnels et en incarnant pleinement nos valeurs.
Et cela suppose d’abord de bien se connaître.
C’est une vraie transformation de la manière de travailler.
Ce que nous retenons de ce Portrait Émotionnel
Avec franchise et lucidité, dans ce portrait émotionnel, Emilie partage avec nous la vérité émotionnelle du métier de dirigeante.
Elle incarne une posture exigeante mais profondément humaine : garder la maîtrise sans jamais nier ses ressentis.
Elle rappelle que les émotions sont des moteurs puissants, à condition de les écouter, de les canaliser… et de les transformer.
Merci à elle pour son témoignage engagé, sincère et inspirant.
