Blog des sérials learners

PORTRAIT ÉMOTIONNEL #22 Témoignage de Mathieu Baiardi

Mathieu Baiardi Fullémo

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Fullémo réalise un recueil de témoignages permettant d’une part, de sensibiliser au rôle et à l’impact des émotions dans le travail et d’autre part, de libérer la parole émotionnelle en entreprise.

Il s’agit de répertorier les bonnes pratiques sous forme d’interviews écrites autour de six questions dont les réponses contribuent à l’éveil général.

Par ces partages d’expériences issues de tous types d’environnements, nous souhaitons diffuser des grilles de lecture, des trucs et astuces, des manières d’aborder les situations qui peuvent résonner et inspirer nos lecteurs.

Notre intention à travers ces éclairages est d’aider nos lecteurs à lutter contre la fatigue émotionnelle et favoriser leur épanouissement professionnel.

Pour en savoir plus sur les motivations à l’origine de ce recueil de témoignages : cliquez ici

Mathieu Baiardi est CFO du groupe ABEO, et membre de l’Advisory Board de Fullémo. A ce titre, il a joué le jeu de notre interview 100% émotionnelle !

Mathieu Baiardi partage la diversité des activités d’un Directeur Financier particulièrement stimulantes dans le cadre du développement d’une structure, il se confie sur la difficulté de jongler entre la gestion prudente et la prise de risque entrepreneuriale.

Il nous dévoile aussi les effets négatifs qu’il perçoit quand on attend trop longtemps pour exprimer ses émotions, ce qu’il nomme l’effet cocotte-minute !

1. Comment définis-tu ton métier ?

Mathieu Baiardi : Mon métier a trois aspects. L’aspect qui m’intéresse le plus est d’accompagner la croissance et les opérations en proposant une structure de back office à la hauteur des ambitions du groupe,. C’est l’aspect business partner. Quand on a un sujet de pilotage des marges, de performance industrielle, c’est à la Direction Financière d’être en mesure de répondre sur des axes très divers. C’est aussi le pilotage de projets d’acquisition qui vont ensuite devoir être intégrés.

Il y a l’aspect stratégique, mais réussir une acquisition, c’est réussir son intégration. Il faut non seulement intégrer la partie finance, la plus basique de mon métier, mais il faut aussi parvenir à coordonner les autres métiers afin qu’aucune dimension ne soit négligée (RH, logistique…).

Le deuxième aspect est la communication externe de l’entreprise : porter les messages de l’entreprise, la bonne parole, présenter les résultats de manière intelligible. C’est de la pédagogie et c’est un point très important dans mon métier que de réussir à transcrire de manière efficace des résultats qui sont parfois complexes à comprendre. Il y a un vrai rôle de communicant, de synthèse et de pédagogie.

Mon troisième rôle est d’être manager avant tout. Aujourd’hui mon objectif est que les équipes soient performantes et pour cela il faut redescendre les informations, capter ce qu’il se passe pour mieux informer et anticiper.  Je dois m’assurer que les solutions apportées fonctionnent de manière globale. Le management hiérarchique dans mon équipe est au service de la transversalité dans l’entreprise.

2. Quel est le sens que tu donnes à ton Job ?

Mathieu Baiardi : Tout DAF pourrait dire que le sens principal est de piloter le contrôle interne, de sécuriser les actifs, la structuration du reporting… Il y a une part de moi qui en est consciente mais ce qui a le plus de sens pour moi, ce qui m’anime, c’est de contribuer au développement du Groupe. Quand on est sur des projets de développement importants, c’est là que je sens que l’intérêt monte et c’est cela qui m’attire : le développement et la prise de risque entrepreneuriale.

J’ai un profil à la croisée des chemins : il y a une part de moi très carrée, prudente, qui gère les risques, structure, et une part de moi qui est animée par le développement, la nouveauté et le challenge.

3. Quels impacts ont tes émotions sur ton travail ?

Mathieu Baiardi : Mes émotions ont un impact fort car je suis un intuitif et un affectif.

Les émotions tant sur le plan des relations interpersonnelles que sur la charge de travail ont un effet assez immédiat sur mon état d’esprit et la manière dont je vais me comporter.

Je travaille dessus depuis longtemps. Je ne cherche plus  à ne plus réagir à mes émotions, mais à parvenir à les maîtriser et à prendre de la distance. Je cloisonne sans pour autant renier l’émotion telle que je la ressens à un moment donné.

Je cherche désormais à utiliser l’émotion car elle est souvent  pertinente à un instant T mais n’en prendre que le positif pour ne pas être pollué par le stress lié à ma fonction que ce soit avec des personnes ou face à un imprévu, à une charge de travail significative. Comme il y a une grosse partie de mon métier qui est dans un cadre très structuré, dès lors qu’il y a un grain de sable qui pourrait casser tout le process de reporting, de communication financière, de clôture des comptes, je dois gérer. C’est cette partie récurrente qui me génère du stress.

A l’inverse, lorsque je suis libéré de cette partie, les à-coups que l’on peut avoir dans les dossiers d’ acquisitions, par exemple, où pendant deux semaines il ne se passe rien et d’un coup il faut donner un coup de collier, ce n’est pas quelque chose qui me perturbe. Je sais assez bien le gérer. Ce qui me pose problème, c’est quand des sujets constants s’entrechoquent avec des aspects urgents.

Les émotions positives que me procurent mon job, c’est la satisfaction du devoir accompli : souffler et me dire « c’est bon, c’est fait et c’est bien fait ». Ce n’est pas une question de reconnaissance, ce sont mes propres attentes. La satisfaction par l’atteinte des objectifs.

D’un point de vue managérial, la lecture des émotions de mon équipe en tant que manager est essentielle. Je dois y prêter attention et surtout être capable de lire ce qu’il se passe quand un collaborateur a un problème. Il s’agit alors d’essayer de trouver les bons moyens pour parler et faire bouger les lignes avec chacun. C’est du comportemental, c’est plus large que l’émotionnel. J’ai eu à manager de nombreuses équipes, très différentes, et je me suis rendu compte que lorsqu’on a trouvé le mode de fonctionnement de quelqu’un cela ouvre des portes infinies. L’impact que l’on peut avoir d’un point de vue managérial, quand on peut décrypter les états émotionnels et intégrer cela dans le management des équipes est incroyable.

4. Raconte-moi une expérience dans laquelle tu t’es senti dépassé par tes émotions (ou tu as craint d’être dépassé) ?

Mathieu Baiardi : Souvent dans les relations interpersonnelles quand j’ai fait beaucoup et qu’il n’y a pas de retour voire même de la défiance, j’ai du mal à l’accepter et je peux parfois me fermer.

Quand je suis dépassé par mes émotions en général je me ferme et quand je me ferme il y a un peu d’agressivité verbale, je suis tendu, ça se sent et ça se ressent.

L’effet cocotte-minute me représente bien. J‘attends l’accumulation jusqu’à ce que le vase soit plein.

5. Quelles sont tes techniques pour rester confortable dans des situations qui t’impactent émotionnellement ?

Mathieu Baiardi : J’en ai une qui m’a été suggérée lors d’un coaching : j’ai un post-it souvent avec moi sur lequel il est écrit « Ca va bien se passer » et quand je me sens dépassé, je relis le post-it et cela fait redescendre la pression. J’y suis toujours arrivé en fait. C’est ce message-là que je me passe en boucle comme un mantra. C’est de l’auto-persuasion et ça marche assez bien.

Avec la sophrologie, j’ai aussi appris la respiration et la cohérence cardiaque mais j’avoue avoir un peu de mal. Je sais que respirer pendant trois minutes fonctionne très bien mais je n’ai pas réussi à le mettre en œuvre aujourd’hui quand je fais face à une situation de stress. La respiration a un gros effet sur moi mais je n’y pense pas quand je suis dans la situation, je ne fais pas le lien entre la situation que je vis et l’outil à ce moment-là.  Le post-it est plus pragmatique.

6. Comment définis-tu l’épanouissement professionnel ?

Mathieu Baiardi : L’épanouissement professionnel, de manière assez simple c’est me lever le matin en me disant « Je suis content d’aller au travail ».

Pour mon épanouissement, j’ai besoin de davantage de liberté dans mes actions, mes prises de décisions.

L’apprentissage, la nouveauté, la diversité des sujets traités sont des éléments d’épanouissement : sortir du cadre de la partie que je maîtrise pour adresser des sujets nouveaux sur lesquels je n’ai pas d’expertise se révèle très stimulant.

Sortir de ma zone de confort me permet de m’animer. La zone de confort me génère du stress et me crispe. Devoir passer du temps sur des sujets moins stimulants me contrarie et j’ai alors moins de plaisir dans mon travail.

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