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PORTRAIT ÉMOTIONNEL #23 Témoignage de Bernard de Mulatier

Bernard de Mulatier Fullémo

Avec la série Portrait émotionnel, Fullémo donne la parole à des femmes et des hommes qui incarnent, à leur manière, l’intelligence émotionnelle au travail.

À travers ces témoignages sincères et inspirants, nous cherchons à sensibiliser au rôle des émotions dans la vie professionnelle et à libérer une parole encore trop souvent retenue en entreprise. Chaque portrait contribue à faire émerger des clés concrètes pour mieux vivre, ressentir et agir dans le monde du travail.

Aujourd’hui, place au portrait émotionnel de Bernard de Mulatier, président de Diatex, Tissage des Mures et CIPODEC, et membre de l’Advisory Board de Fullémo.

Portrait émotionnel de Bernard de Mulatier

Qui est Bernard ?

Comme tous les membres du board de Fullémo, Bernard de Mulatier s’est prêté au jeu de notre interview 100 % émotionnelle.

Dirigeant industriel passionné, fervent défenseur du Made In France, il veille à intégrer le social, l’écologie et l’humain dans ses décisions. Dans cet échange, il partage sa vision lucide, engagée et sensible d’un leadership émotionnellement aligné.

Comment définis-tu ton métier ?

Mon métier, c’est celui d’un équilibriste bâtisseur. Je dois jongler entre les priorités sociales, les enjeux environnementaux et les aléas géopolitiques pour garder debout un château de cartes en perpétuelle évolution.

Ce que je cherche, c’est la stabilité dans le mouvement. Une posture d’ingénieur isostatique : ni trop rigide, ni trop souple. Trouver l’équilibre, construire une structure qui résiste, voilà ce qui m’anime.

Quel est le sens que tu donnes à ton job ?

Depuis longtemps, je donne du sens à mon métier à travers mon engagement pour le Made In France. Tout n’est pas 100 % local, mais je cherche un équilibre intelligent : circuits courts, emploi local, réduction des émissions de CO₂.

C’est une logique de cohérence globale. Produire en France, vendre en France, exporter aussi. Concilier action économique, impact environnemental et utilité sociale.

Ce sens se concrétise quand je vois des clients fiers de visiter nos usines, ou des salariés heureux de leur environnement de travail.

Quels impacts ont tes émotions sur ton travail ?

Mes émotions me traversent intensément car je suis militant dans l’âme.

La colère m’envahit face à certaines logiques de marché absurdes : des entreprises qui se vantent de prix bas en ignorant les conséquences sociales et écologiques. Cela me révolte.

Mais cette émotion nourrit mon engagement. Elle me pousse à sensibiliser, à faire passer des messages, à rappeler que chaque acte d’achat est un acte citoyen.

À l’inverse, je ressens une profonde fierté quand je vois des équipes engagées, des clients curieux, des usines vivantes. C’est là que je retrouve ma motivation.

Raconte-moi une expérience dans laquelle tu t’es senti dépassé par tes émotions

Cela arrive souvent dans mes interactions avec des acheteurs déconnectés. Leur seul critère est le prix. Même quand ils parlent de RSE ou de transition écologique, ils ne veulent rien payer de plus. C’est incohérent, et cela m’agace profondément.

Un jour, sur un salon, un échange a failli mal tourner tant cela me semblait absurde. J’ai réussi à recadrer, à faire passer un message. Mais ce type de situation me met à rude épreuve.

Je ressens alors l’effet cocotte-minute : trop d’incohérence, trop d’injustice. Mais je préfère canaliser cela pour agir, plutôt que de m’éteindre.

Quelles sont tes techniques pour rester confortable dans des situations émotionnellement fortes ?

Je change de posture. Plutôt que de rester dans une logique client-fournisseur, je pose des questions personnelles à mon interlocuteur : « Croyez-vous à ce que vous dites ? Est-ce cohérent avec vos valeurs ? ».

Cela ouvre souvent un dialogue plus sincère. J’essaie de faire passer un message, même au risque de perdre le contrat. Je préfère être aligné avec mes convictions.

Et puis je me ressource. La montagne m’apaise. Je prends du recul, j’utilise l’humour, je choisis mes combats. C’est aussi une manière de me préserver émotionnellement.

Comment définis-tu l’épanouissement professionnel ?

C’est bâtir, améliorer, fédérer autour d’un projet.

Je repense à ce moment après le confinement où nous avons lancé la fabrication de masques. Ce n’était pas notre métier, mais nous l’avons fait. Trois millions de masques, une équipe soudée, une vraie fierté partagée.

L’épanouissement professionnel, c’est aussi ressentir de la joie collective, du sens partagé. Voir mes collaborateurs fiers de leur outil de travail, recevoir les retours enthousiastes des visiteurs… C’est là que je mesure le chemin parcouru.

C’est un sentiment de paix intérieure : nous avons agi, ensemble, dans la bonne direction.

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