Avec la série Portrait émotionnel, Fullémo donne la parole à des femmes et des hommes qui incarnent, à leur manière, l’intelligence émotionnelle au travail.
À travers ces témoignages sincères et inspirants, nous cherchons à sensibiliser au rôle des émotions dans la vie professionnelle et à libérer une parole encore trop souvent retenue en entreprise. Chaque portrait contribue à faire émerger des clés concrètes pour mieux vivre, ressentir et agir dans le monde du travail.
Aujourd’hui, place au portrait émotionnel de Christophe Haag, auteur, professeur, chercheur en psychologie sociale et membre de l’Advisory Board de Fullémo.
- Qui est Christophe ?
- Comment définis-tu ton métier ?
- Quel est le sens que tu donnes à ton job ?
- Quels impacts ont tes émotions sur ton travail ?
- Raconte-moi une expérience dans laquelle tu t’es senti dépassé par tes émotions
- Quelles sont tes techniques pour rester confortable dans des situations émotionnellement fortes ?
- Comment définis-tu l’épanouissement professionnel ?
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Qui est Christophe ?
À l’occasion des deux ans de Fullémo, Christophe Haag a accepté de répondre aux questions 100 % émotionnelles de Mathilde Héliès.
Écrivain passionné et pédagogue intuitif, Christophe explore depuis des années les territoires de l’émotion, de l’intuition et du comportement humain. Il partage ici une parole libre, profondément humaine, et toujours accessible. Un plaidoyer pour plus de simplicité, d’écoute… et de joie dans le travail.
« J’écris de manière très intuitive, l’intuition est un moteur, et l’essence de ce moteur, c’est l’émotion. »
Comment définis-tu ton métier ?
Je suis pédagogue, chercheur et auteur. Ma mission prend de multiples formes : cours en présentiel ou en visio, forums, livres, podcasts, vidéos… La pédagogie ne s’arrête pas à la salle de classe.
Je suis aussi un écouteur. J’absorbe, je capte, je prends le pouls du monde. Puis, je retranscris ce que je ressens à travers mes écrits. Je suis une éponge qui filtre et restitue. J’essaie toujours de rendre mes sujets légers, même quand ils sont sérieux. L’enjeu ne tue pas le jeu. Si l’on cesse de s’amuser, on perd en efficience.
J’explore l’intelligence émotionnelle au travail comme un terrain infini. Pour transmettre, il faut écouter. Pour apprendre, il faut oser la simplicité.
Quel est le sens que tu donnes à ton job ?
Je fais ce métier parce qu’il me permet d’être surpris. Et la surprise, c’est la vie.
En enseignant, en écrivant, en enquêtant, je me renouvelle sans cesse. Chaque livre aborde un thème nouveau : la chance, la voix, les émotions… Mais toujours avec ce fil rouge de la psychologie humaine.
Je considère que si nous étudions tant les humains, nous devons aussi leur rendre les résultats de ces recherches. Mon travail vise à transmettre des clés : mieux gérer son stress, mieux comprendre ses réactions, mieux s’adapter. Et par les temps qui courent, c’est essentiel.
Ce que je veux transmettre, c’est une façon de rester équilibriste dans un monde qui bouge vite. Si mes travaux permettent à quelqu’un de mieux rebondir, alors le sens est là.
Quels impacts ont tes émotions sur ton travail ?
Énormes. Mon écriture est intuitive, mais elle est entièrement portée par l’émotion.
Quand j’écris, des souvenirs ressurgissent. Ils sont souvent chargés émotionnellement. Je les écoute. Ils me montrent ce que je dois écrire à ce moment-là.
L’émotion sait quand elle doit se manifester. Elle me souffle l’idée juste, le bon exemple, la phrase qui touche. C’est elle qui guide mon processus créatif.
Je suis très attentif à ces signaux intérieurs. Ils rendent l’écriture vivante. Le matin, je suis heureux de m’y remettre. Parce que je sais que quelque chose va surgir, porté par l’émotion.
Raconte-moi une expérience dans laquelle tu t’es senti dépassé par tes émotions
Je ne me suis que rarement senti dépassé émotionnellement dans un cadre professionnel. J’ai appris à accueillir les émotions dès mon plus jeune âge.
Mais certains témoignages m’ont profondément bouleversé. Quand Nando Parrado, survivant d’un crash aérien, m’a parlé de sa famille, j’ai ressenti une vague d’émotions fortes. J’ai pensé à mes proches. À nos vies si fragiles.
Ce genre de moment m’amène à réfléchir au sens de ma propre existence. Ces émotions m’aident à ne pas oublier ce qui compte. Elles dépassent le pro, elles touchent à la vie.
Quelles sont tes techniques pour rester confortable dans des situations émotionnellement fortes ?
Je m’efforce de ne pas m’identifier trop fortement à l’histoire que j’entends. Je me mets dans la posture de celui qui aide : le pompier, pas la victime. Cette distance me structure.
Je vais aussi marcher, respirer, me connecter à la nature. Ou jouer avec mon chat. Ce sont des régulateurs naturels. Ils font baisser la pression.
Je prends aussi le temps. Si un sujet me perturbe, je dors dessus. Je sais qu’il faut laisser reposer les émotions. Le lendemain, je les vois autrement.
Et puis je relativise. Je me rappelle que la vie, aussi improbable soit-elle, est un immense cadeau. Rien que d’être là, c’est une chance.
Comment définis-tu l’épanouissement professionnel ?
C’est simple : ne pas avoir un nœud au ventre en allant travailler.
C’est faire une activité qui résonne avec qui je suis. Où mes valeurs sont respectées. Où je n’ai pas besoin de me travestir pour entrer dans le moule.
L’épanouissement, c’est aussi avoir autour de soi des personnes positives. Des gens qui te nourrissent humainement. Le contact humain est vital. C’est un besoin fondamental.
Être épanoui professionnellement, c’est être aligné. Et c’est aussi garder cette boussole intérieure : la simplicité. On a tendance à trop compliquer. Mais la vie, au fond, est simple. L’émotion nous ramène à cette simplicité-là. Et c’est cette évidence que j’essaie de transmettre.