Augmentation de salaire : menacer de démissionner pour négocier, une fausse bonne idée ?
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Pour obtenir une augmentation de salaire, vous pourriez être tenté de faire du chantage à la démission auprès de votre patron. Si la stratégie peut sembler efficace, elle est aussi très risquée.
C’est une idée qui a peut-être traversé votre esprit. Vous n’avez pas reçu de prime de Noël le mois dernier, et malgré vos efforts pour rester patient, votre employeur ne semble pas enclin à récompenser vos performances par une belle augmentation en 2025. Vos résultats éblouissants, vos initiatives audacieuses… rien n’y fait. L’idée de poser un ultimatum vous titille : «Si je n’ai pas ce que je veux, alors je pars !» Attention, car cette stratégie pourrait bien se retourner contre vous.
Laurent Tylski, fondateur du cabinet Acteo Consulting – cabinet de coaching professionnel pour cadres et dirigeants -, est d’ailleurs catégorique sur ce point : «On ne retient jamais un collaborateur qui fait du chantage.» Et encore moins lorsqu’il s’agit d’un chantage à la démission ! A ses yeux, cette attitude est vouée à l’échec : «Un manager qui accepte ce genre de pression ouvre la porte à toutes les revendications de l’équipe.» Pour éviter un effet boule de neige, il y a de fortes chances qu’en plus de rejeter votre demande d’augmentation, votre hiérarchie vous catalogue comme un élément perturbateur. «Une étiquette très difficile à effacer», qui pourrait inciter votre manager à trouver un moyen détourné pour précipiter votre départ.
Le pouvoir de négociation dans la main des employeurs
Si jusqu’ici les employeurs se pliaient en quatre pour retenir leurs talents – quitte à accepter des demandes d’augmentations pas toujours justifiées -, la vapeur s’est renversée l’année dernière : selon une étude du cabinet WTW, les difficultés de recrutement ont reculé de 7 points entre 2022 et 2024. Puisqu’ils auront moins de mal à vous remplacer, les employeurs seront logiquement moins enclins à céder à vos chantages.
Et ce, même si, Laurent Tylski l’admet, «un salarié qui menace de démissionner a souvent déjà un pied dehors. Dans le fond, il veut partir». Dans le cas où votre manager cède à vos tentatives de pression, sachez que ce n’est souvent qu’un sursis. «7 fois sur 10, les salariés qui décrochent une augmentation en forçant la main finissent par quitter l’entreprise dans l’année», signale l’expert. Alors, plutôt que de camoufler le problème, prenez cette absence d’augmentation comme un signal : il est peut-être temps de chercher un poste où vous serez vraiment épanoui… et reconnu à votre juste valeur.
Augmentation de salaire : privilégiez une approche positive
Mais si vous êtes décidé à rester et à tenter de décrocher l’augmentation que vous méritez, oubliez les ultimatums et misez sur une stratégie plus fine : la négociation constructive. Votre meilleur atout ? Vos réalisations. Soyez le plus factuel possible : par exemple, votre chiffre d’affaires réalisé sur l’année si vous êtes commercial, ou bien le nombre de projets menés à bien. Bien sûr, le bilan annuel est un moment clé pour mettre en avant vos réussites, mais il ne doit pas être votre unique occasion de valoriser votre travail. «Attendre uniquement l’entretien annuel pour faire le point, c’est prendre le risque que vos efforts passent inaperçus dans la masse des évaluations de fin d’année», prévient Laurent Tylski. Un conseil : multipliez les échanges réguliers avec votre manager au cours de l’année pour que votre demande d’augmentation ne tombe pas comme un cheveu sur la soupe.
Et si, malgré tout, votre employeur invoque un budget serré pour refuser votre demande, pas question de vous asseoir sur votre négociation pour autant. On l’oublie souvent, mais vous avez la possibilité d’obtenir des compensations extra-financières, comme des jours de RTT supplémentaires, une formation financée par votre employeur ou même un véhicule de fonction. «Ces avantages, souvent moins coûteux pour l’entreprise, vous seront plus facilement accordés qu’une augmentation», assure Mathilde Héliès, fondatrice du cabinet FULLÉMO.