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PORTRAIT ÉMOTIONNEL #38 Témoignage de Christophe Catoir

#ÉMOTIONS PARTAGÉES #38 Témoignage de Christophe Catoir

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Pour à la fois sensibiliser au rôle et à l’impact des émotions dans le travail mais aussi libérer la parole émotionnelle, Fullémo réalise un recueil de témoignages sincères et authentiques.

Il s’agit de répertorier les bonnes pratiques sous forme d’interviews écrites autour de six questions dont les réponses contribuent à l’éveil général.

Par ces partages d’expériences issues de tous types d’environnements, nous souhaitons diffuser des grilles de lecture, des manières d’aborder les situations qui peuvent résonner et inspirer nos lecteurs et ainsi favoriser leur épanouissement professionnel.

Pour en savoir plus sur les motivations à l’origine de ce recueil de témoignages : cliquez ici

Nous sommes enthousiastes à l’idée de vous faire découvrir Christophe Catoir, Président et membre du Comité exécutif du Groupe Adecco, passé au crible de nos questions 100% émotionnelles.

Christophe se livre sur le chemin qui a été le sien, pour donner toute leur place aux émotions dans son quotidien professionnel.

Pour lui, c’est une évidence, parler au cœur et aux tripes des collaborateurs est beaucoup plus efficace que parler à leur raison : Christophe détaille comment, tel un sportif, il se prépare à ses interventions pour être le plus authentique possible face à son auditoire.

Il révèle des clés sur sa manière de piloter un groupe de cette envergure et l’importance pour un groupe international de laisser de l’autonomie aux managers locaux, au service d’une direction collective globale.

1. Comment définis-tu ton métier ?

Christophe Catoir : Mon métier consiste à amener un collectif de personnes qui peuvent se trouver dans des géographies très différentes les unes des autres, à atteindre un objectif commun avec des modalités très majoritairement locales.

Il s’agit de faire en sorte que ce collectif, doté d’une direction commune, puisse avoir une responsabilité la plus locale possible pour pouvoir déterminer comment réussir localement afin de contribuer à la réussite collective globale.

Je ne l’aurais pas dit ainsi il y a quelques années, c’est le fruit de mon expérience. Pour emmener les équipes vers un objectif commun, la tentation est grande de vouloir définir des modalités communes. Cette approche fonctionne mal, surtout dans un contexte multiculturel et du multi pays : les terrains de jeux sont très différents les uns des autres, comme les niveaux de maturité et les styles de management. Je m’attache à donner à chacun les moyens de s’exprimer tel qu’ils sont, tout en suivant une direction claire.

Mon rôle est donc de déterminer la direction et de permettre à chacun de s’exprimer pour atteindre, à sa manière, cet objectif.

Pour cela, je veille à créer un environnement local propice afin que les managers puissent agir. Cela nécessite d’éviter les bureaucraties et contraintes internes, les modalités trop restrictives qui les pousseraient à dévoyer leur mode de management, à ne pas être eux-mêmes.

Les managers sont convaincants quand ils sont eux-mêmes.

Et pour cela, il faut construire un environnement facilitant.

Par exemple, pour répondre à la crise financière de 2008, beaucoup d’entreprises ont formaté la façon dont les équipes devaient réagir, quel que soit le territoire. Portés par des objectifs purement financiers, les plans d’actions n’apportaient pas de réflexion et de transformation locale. Ils ne permettaient pas aux dirigeants de trouver des solutions adaptées bien plus satisfaisantes qu’un plan de bataille unique, standard et peu motivant. Beaucoup d’entreprises sont tombées dans ce piège. C’est une question de maturité, d’expérience.

Sur la crise du COVID, les modalités ont évolué. Les personnes se sont rendu compte qu’il fallait faire davantage confiance et équiper les personnes, les former, les coacher mais aussi leur créer un environnement propice.

2. Quel est le sens que tu donnes à ton job ?

Christophe Catoir : Je viens d’une famille qui a une culture du travail forte. Je pense que le sens, c’est que chacun puisse se réaliser, à sa façon, dans son métier. Dans le métier qui me concerne, j’évolue dans un environnement très social, avec de multiples relations au quotidien. Ainsi, la réalisation personnelle passe souvent par les réalisations collectives et pas seulement individuelles.

Le deuxième sens, c’est un sens d’utilité, pouvoir dire « je sers à quelque chose ».

Étant dans l’emploi, il est facile d’identifier ce à quoi on sert et d’avoir un véritable impact.

En être conscient donne des ailes. Quand chacun se rend compte qu’il n’est pas dans une approche mécanique du métier mais dans une approche humaine, qui a du sens,  drivée par la valeur apportée aux clients et candidats, la motivation est beaucoup plus forte.

Le dernier sens, qui est essentiel et qui fait que je suis toujours là après vingt-sept ans, est d’éprouver du plaisir. Me dire : « ce que je fais, j’ai plaisir à le faire ». Cela ne signifie pas que c’est facile tous les jours, mais in fine, j’ai l’impression qu’au-delà de ce que j’ai réalisé pour les autres, je me suis réalisé moi-même. Me dire que ce que je réalise n’est pas un effort, que je le fais volontiers, parfois même, j’en ai fait plus qu’attendu, parce que cela me nourrissait ».

Il y a beaucoup d’articles sur le télétravail qui indiquent qu’un individu seul chez lui, qui doit mener la même mission sans voir personne, risque de ne plus se sentir rattaché à sa boîte, à son tissu social. Les environnements personnels sont de plus en plus silotés et c’est au travail que l’on trouve la diversité. Le travail est un des endroits (avec le sport, les associations caritatives…), qui permet de trouver de la diversité et d’apprendre des autres.

Ainsi, je mettrai « le sens » sur trois dimensions : l’auto-réalisation, être utile aux autres et éprouver du plaisir au quotidien.

3. Quels impacts ont tes émotions sur ton travail ?

Christophe Catoir : Un impact énorme.

J’ai toujours cru qu’il était possible de rationaliser chaque chose, mais parler au cœur et aux tripes des gens permet d’avoir beaucoup plus d’impact que juste parler à leur raison.

« Les personnes ont besoin d’être touchées par ce qu’elles font. Les personnes ont de l’impact et sont plus contagieuses quand elles parlent avec leur regard, leur sourire, leur voix. »

Dans mon expérience, en tant que jeune diplômé prenant des responsabilités assez vite, j’ai eu l’impression que l’on pouvait tout mentaliser. En effectuant des équations, des arguments, j’ai constaté que les gens s’ennuyaient.

En racontant une histoire personnelle, c’est incroyable de voir la réaction des gens. Certes, tous ne réagissent pas de la même manière, la puissance de l’émotion n’a pas le même impact selon les tempéraments, les personnalités, les histoires personnelles.

Certains se méfient des émotions, d’autres leurs font entièrement confiance. Nous sommes humains.

Nous avons été un peu castrateurs en parlant d’intelligence rationnelle

L’intelligence contextuelle et l’intelligence émotionnelle prennent de plus en plus de place du fait de la transversalité dans les organisations entre les différents métiers. C’est ce qu’on nomme les soft skills, les manières de manager et de s’adapter à un environnement.

Accompagner une crise n’est pas la même chose que d’accompagner la croissance. Il y a une prise de conscience aujourd’hui et c’est une bonne nouvelle : nous sortons d’une bataille des clones. Celle-ci a eu tendance à créer des embouteillages. En effet, il n’y avait pas assez de candidats répondant à des critères très rationnels. Néanmoins, il y avait un fort potentiel de personnes qui avaient beaucoup plus à apporter avec des capacités à gérer l’intelligence émotionnelle ou contextuelle.

Il est ainsi possible de rencontrer des personnes avec un fort potentiel sur le marché de l’emploi en allant chercher ces profils.. Beaucoup d’entreprises n’ont pas encore passé le cap. Les process de recrutement qui fonctionnent par des mots clés sur des job boards ne leur ont pas facilité la vie. C’est un des exemples, cela s’exprime aussi pour le management, le leadership….

Pour laisser la place à l’expression de mes émotions j’ai suivi un chemin personnel et l’expérience de mon métier.

Le chemin personnel, c’est quand je suis sorti de mon école de commerce. Basée sur le modèle français assez sélectif, une fabrique à talents dans laquelle on nous disait que nous étions les meilleurs. Je voulais donc démontrer que j’étais à la hauteur. Le talent s’exprime beaucoup au début de la carrière par ce que l’on a appris dans les livres. L’apprentissage dit l’inverse.

Personnellement, j’ai commencé dans la finance qui a bien entrainé mon cerveau rationnel. Au bout de deux ans et demi, j’ai été confronté à un patron qui m’a dit « tu as le potentiel pour diriger une quinzaine d’agences, ne t’inquiète pas ». Je n’avais jamais fait de commerce ni de management. Lui seul avait identifié mon potentiel, et comme je lui faisais confiance, j’y suis allé.

Je me suis rendu compte que mon éducation hyper rationnelle ne me permettait pas d’atteindre mes objectifs. Être le plus intelligent de la bande -ou du moins le croire- est une erreur : on n’est jamais le plus intelligent.

Driver la mobilisation et l’énergie d’une équipe sur des arguments et des équations ne fonctionne pas.

J’ai rapidement réalisé que je devais trouver d’autres façons pour mobiliser une équipe

Le sport m’a aidé, j’ai fait vingt ans de sport d’équipe. J’y ai appris à travailler avec des entraîneurs, des meneurs de troupes, où chacun jouait un rôle dans une équipe. L’enjeu est de le traduire dans l’entreprise et ce n’est pas évident.

J’ai eu deux déclencheurs : une patronne, Martine Vallet, m’a dit : « c’est incroyable, quand nous échangeons ensemble, tu as des intuitions, tu es créatif et quand tu es en réunion, tu argumentes. Je ne comprends pas, tu m’inspires davantage lors d’un déjeuner qu’en réunion. Fais confiance à ton intuition ! ». J’ai alors essayé de raconter ce que je ressentais.

Un autre coach, un patron qui m’a donné du temps et des conseils, un autre patron, m’a un jour déclaré : « Il faut que tu parles avec ton cœur. Quand tu me racontes tes moments « off », je sens une passion incroyable et j’ai l’impression que tu revêts un autre vêtement dès que tu es dans un environnement plus convenu. »

Cela n’a pas été simple. Quand j’assistais à des interventions qui me touchaient, je ne me sentais pas capable de reproduire cet impact, je ne pensais pas être fait pour la prise de parole en public.

Alors j’ai beaucoup écouté, je me suis efforcé d’apprendre des autres.

En travaillant ces muscles-là, en me préparant à raconter par des histoires personnelles. C’était difficile au départ car j’ai reçu une éducation dans laquelle on ne raconte pas « la chose personnelle ».

Dans la vie professionnelle, je suis tombé dans le bain de l’apprentissage tardivement, même si j’ai passé les deux dernières années de mon école de commerce à plus de cinquante pour-cent chez Adecco.

Je me suis rendu compte que celles et ceux qui avaient la chance d’être confrontés un peu plus rapidement à des environnements d’entreprises avec des challenges, des équipes, une compréhension des métiers quels qu’ils soient, étaient bien mieux préparés à l’environnement professionnel. Ils avaient éduqué des muscles complémentaires les uns des autres, ils avaient compris la vie des gens.

Comprendre la vie des gens est essentiel. Un des stages qui m’a le plus aidé s’est déroulé un été pendant lequel j’ai travaillé dur dans une entreprise de logistique (mon premier contrat ECCO en qualité d’intérimaire). J’ai compris comment les gens parlaient de leur quotidien, ce que je ne pouvais vivre en étudiant dans une école de commerce.

Cette expérience m’a conduit à comprendre que tout le monde n’a pas le même « disque dur », n’a pas la même histoire, n’est pas sensible aux mêmes choses. J’ai fini par me méfier de « mes réflexes »  formatés par mon éducation. Le plus dur est de s’adapter aux gens. Ma période d’apprentissage m’a obligé à m’intégrer dans un environnement inconnu et auquel je n’étais pas particulièrement préparé.

En gagnant deux ans d’intégration, je suis sorti de mon école un peu plus complet que si j’étais sorti d’une université qui m’aurait fait bachoter souvent par écrit, rarement par oral. Cela ne m’aurait pas aidé à comprendre la force de l’humain et de la vraie vie professionnelle.

4. Raconte-moi une expérience dans laquelle tu t’es senti dépassé par tes émotions (ou tu as craint d’être dépassé) ?

Christophe Catoir : la gestion des émotions la plus dure, en prenant un exemple très concret, c’est quand il y a des transformations importantes ou une crise dans une entreprise. Il faut alors prendre des décisions difficiles, notamment des séparations. Quand j’ai créé un lien émotionnel avec les gens, je ne peux être insensible à ces décisions-là. Elles ont beau être rationnellement valides, mettre de côté ma sensibilité et mon émotion, n’est juste pas possible. Je cherche à faire les choses de façon respectueuse, mais je sais que ma décision n’est pas simple pour l’autre personne. C’est pour moi un moment pendant lequel je suis tenté de contenir mes émotions alors qu’en réalité, considérer l’autre, c’est être sincère. J’ai appris cela avec le temps. C’est ce qui fait dire à certains qu’ils détestent le management. Manager la croissance, la mobilisation, c’est sympa, manager des situations difficiles n’est pas aussi aisée.

J’ai aussi appris, et je le transmets aux personnes que j’accompagne, qu’il est important d’être aligné et sincère avec soi-même. En étant authentique et sincère, sans cacher ses émotions et sans aller au-delà de ce que je pense. L’émotion est juste un moyen de communication et une forme de considération que je peux donner.

Une autre situation difficile à gérer, est de respecter le principe de management suivant et pourtant plein de bon sens : « féliciter en public et recadrer en privé ».

Être en colère en public n’est pas une bonne chose, il faut savoir se contenir, surtout quand l’impatience pointe. J’ai envie de réagir vite, il m’est très difficile de me contenir. Je sais que je commets une faute le jour où je laisse passer une émotion en collectif qui n’est pas une émotion constructive. Il y a des émotions constructives et d’autres qui peuvent être dévastatrices, qui peuvent mettre une équipe « à l’envers » juste parce que « émettre un feedback négatif » face à un auditoire peut être blessant. Cela ne se fait pas en public quand on considère les gens.

Les émotions, exprimées avec sincérité, aident dans certains contextes. Il faut avoir la maturité de les manifester dans le bon environnement, auprès du bon auditoire.

Je m’autorise à avoir les yeux qui brillent, mais j’essaie de me contenir dans un cadre professionnel. Dans un cadre personnel, je le fais plus facilement. C’est une question d’expérience. A vingt-cinq ans, l’éducation nous a dit qu’il fallait être fort et on veut le démontrer. Avec le temps, j’ai découvert que l’émotion est virale et que cela fait du bien aux gens de voir que je suis entier, que je suis moi-même. La fragilité est une qualité.

J’ai appris à m’autoriser à être authentique dans mon job. C’est une bonne nouvelle car c’est tellement plus sympa. Il y a tellement plus de plaisir à être soi-même, à se sentir aligné.

5. Quelles sont tes techniques pour rester confortable dans des situations qui t’impactent émotionnellement ?

Christophe Catoir : Je ne pense pas avoir de techniques. Je n’ai pas le souvenir de m’être dit que j’allais chercher dans « ma boîte à outils ».

Lors de prises de paroles devant toute une équipe, j’ai beaucoup d’émotions et je m’autorise à avoir chaque émotion parce que je sais qu’elle est importante. Je respire profondément avec le ventre, je prends une grande bouffée d’oxygène pour calmer mes pulsations. Mon émotion se traduit par une forme d’excitation qui n’est pas forcément bonne pour transmettre le message que je souhaite faire passer.

Il ne s’agit pas une perte d’authenticité, plutôt d’une recherche d’équilibre, d’un moyen de réguler ce qui me traverse.

Quand la colère pointe, j’écoute et laisse le temps faire son œuvre. En prenant le temps d’écouter et de ne pas réagir trop vite, la colère baisse assez rapidement. Si le sujet évoqué devait faire monter ma colère, ma solution est de changer de sujet. « Ok, nous ne sommes peut-être pas d’accord sur ce sujet, voyons cela plus tard, et passons au thème suivant. ». L’idée est d’éviter de jouer l’escalade. Souvent l’émotion de l’un régule celle de l’autre : en souriant, la personne en face sourit, en étant agressif, la personne en face est agressive. Il faut rompre le flux. C’est avec l’expérience que j’ai appris à le faire, auparavant, je pouvais réagir à l’instinct. L’instinct n’est pas toujours un bon ami. C’est une bonne idée de rompre le cercle quand il est vicieux et non vertueux.

Au quotidien, à part bien dormir et réguler mon sommeil, avoir une alimentation saine, je n’ai pas vraiment de rituel.

Le sport est une échappatoire qui me permet de réguler énormément ma stabilité émotionnelle.

Le lundi matin, après une heure avec mon assistante, elle sait si j’ai pratiqué du sport le week-end ou pas ! J’ai appris à avoir une hygiène de vie que je ne peux pas gérer au quotidien à cause de mon agenda. Cependant, l’effort du week-end alors que je suis fatigué de ma semaine est très salvateur. Il n’est pas évident, il faut parfois se mettre un coup de pied aux fesses. Profiter de la régulation d’un groupe qui me tire, c’est le meilleur moyen que j’ai trouvé. Pour l’instant, le sport est mon régulateur.

Je ne fais pas de yoga, ni de méditation, j’y viendrais peut-être un jour. Avec l’accroissement des responsabilités, je me rends compte que je tire plus sur mon corps et que mon impact est plus important. Cela signifie que chaque décalage est amplifié.

Quand j’ai vraiment un événement important, je me donne du temps.

Comme chaque année, nous avons bientôt notre convention mondiale. Je sais que c’est une intervention courte, mais j’ai une préparation incroyable. Les gens vont me dire « waouh, c’était super, quelle facilité tu as dans l’exercice ! ». Or je travaille énormément ma présentation, j’investis plusieurs heures de travail pour un quart d’heure d’intervention.

Pour construire le fil émotionnel de ma présentation, je prépare à la fois le fond et la forme. Je suis très sensible au contexte : quel est l’auditoire ? Qu’est-ce qu’il attend ? Comment avoir un impact sur cet auditoire ? Chez Adecco, l’émotion est importante, ce qui n’est pas le cas dans toutes les entreprises.

Je commence toujours par le fond : quels sont les messages que je veux faire passer ? Qu’est-ce que je souhaite que les personnes retiennent ? Cela me conduit parfois à faire des copies très structurées mais froides.

Une fois que j’ai ces messages, je réfléchis à comment raconter cette histoire pour que les gens l’écoutent jusqu’au bout : je n’ai pas envie de les ennuyer. Je prépare mon speech et m’assure que les personnes vont me suivre et capter mon message.

Là, je me dis parfois que je dois user de pédagogie. Parfois je vais donner des exemples, raconter une histoire vraie, un moment de vie. Quand je m’entraîne à raconter l’histoire, je m’entraîne aussi à faire passer mes émotions, à parler tel que j’aimerais parler en public. Parler face à une seule personne, c’est facile à faire. Je peux faire confiance au regard que je croise. Sur scène devant une assemblée, c’est difficile de capter les regards avec de la lumière dans les yeux. C’est pour cela qu’il est important de me préparer pour ne pas être confus.

Je crois que la communication est un flux qui doit aller d’un cœur à un autre, d’une paire d’yeux à une autre, d’une oreille à une autre.

Dans ce type de convention internationale, j’ai une assistance globale, de la lumière dans les yeux et je dois réussir à être authentique. C’est assez paradoxal mais pour être authentique dans cet exercice, il faut travailler le muscle émotionnel de mon histoire. Je travaille face à la glace et je me parle à moi-même. L’exercice du travail préparatoire, se résume à : « est-ce que je me convaincs moi-même ? ».

6. Comment définis-tu l’épanouissement professionnel ?

Christophe Catoir : Pour moi c’est très clair, l’épanouissement professionnel c’est être aligné avec soi-même.

Il y a une seule personne, pas deux. Je peux être moi-même tous les jours au travail sans raconter d’histoire. Cela fait tellement de bien. Les gens m’apprécient tel que je suis ou ne m’apprécient pas tel que je suis. Mais je suis moi-même. Ma motivation vient du fait qu’en étant moi-même, on me fait confiance.

Que ce soit pour apporter une valeur parfois sociétale, pour du coaching ou de la transmission, pour moi l’authenticité est la valeur cardinale. Je n’ai pas recherché l’évolution professionnelle, mon rêve était d’apprendre, de me sentir dans un collectif, d’être bien en collectif.

Le graal, le plus important est vraiment d’être soi-même. Si un patron nous amène à ne pas être nous-même, il faut partir. Je ne peux pas me mentir et mentir aux gens avec lesquels je travaille. J’ai eu beaucoup de chance. J’ai eu de nombreux patrons qui m’ont permis d’être moi-même, ou m’ont laissé en autonomie totale en me disant : « produis la performance et fais-le comme tu veux ».

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