Aujourd’hui, place au portrait émotionnel de Laurent Brouat, fondateur d’Inspire Média et du podcast Il était une fois l’entrepreneur. Ancien créateur de L’École du Recrutement, qu’il a cédée à ses salariés en 2020, Laurent incarne un parcours d’entrepreneur sensible, engagé, en quête de sens.
Avec la série Portrait émotionnel, Fullémo donne la parole à des femmes et des hommes qui incarnent, à leur manière, l’intelligence émotionnelle au travail.
À travers ces témoignages sincères et inspirants, nous cherchons à sensibiliser au rôle des émotions dans la vie professionnelle et à libérer une parole encore trop souvent retenue en entreprise. Chaque portrait contribue à faire émerger des clés concrètes pour mieux vivre, ressentir et agir dans le monde du travail.
Comment définis-tu ton métier ?
Je me définis comme un conteur d’entreprises. Mon objectif est de raconter les histoires telles qu’elles ont été vécues, en mettant en lumière leurs dimensions émotionnelles et authentiques. Il s’agit de récits vrais, avec leurs hauts et leurs bas, à la manière de contes pour adultes, dans le cadre du monde entrepreneurial.
Aujourd’hui, mon métier consiste à raconter des expériences de vie entrepreneuriale, à les transmettre pour qu’elles résonnent.
Quel est le sens que tu donnes à ton job ?
J’ai connu une première réussite avec L’École du Recrutement : une aventure qui, sur le papier, était un succès. Mais je n’étais pas heureux.
Aujourd’hui, j’ai trouvé une autre voie : faire ce que j’aime vraiment. Je lis, j’écris, je raconte. C’est un métier qui me nourrit, qui me ressemble. Celui que j’aurais rêvé faire enfant.
Ma mission est désormais de donner du sens aux autres en racontant. Comme un conteur autour d’un feu, j’offre des récits qui inspirent, qui aident à se mettre en mouvement. Je veux créer un lien entre les histoires et le sens qu’elles révèlent dans la vie professionnelle.
Quels impacts ont tes émotions sur ton travail ?
L’impact de mes émotions est total. Elles influencent tout : décisions, actions, posture. Une bonne émotion me mène à une bonne décision. À l’inverse, un déséquilibre émotionnel peut me conduire à l’erreur.
J’ai appris à écouter mes émotions pour comprendre quels besoins elles révèlent. C’est un travail quotidien, pas toujours facile, mais essentiel. Plaisir et besoin sont mes deux boussoles.
Une expérience où tu t’es senti dépassé par tes émotions ?
Lors de ma dernière réunion avec l’équipe de mon ancienne entreprise, j’ai été totalement submergé par mes émotions. J’ai pleuré devant une dizaine de personnes. Je ne voulais pas partir ainsi, je regrettais certaines paroles, certains gestes.
Cette émotion m’a permis d’exprimer ma tristesse, de poser les choses, même si elle n’a pas tout résolu. Cela a surtout permis aux autres de voir ma vulnérabilité, et de comprendre qu’il était temps de clôturer l’aventure.
Quelles sont tes techniques pour gérer l’impact émotionnel ?
Je pratique la reformulation, avec les autres comme avec moi-même. Comprendre ce que l’on ressent est clé pour mieux gérer une situation difficile.
Je suis aussi un homme de rituels : chaque matin, dix minutes de yoga, dix minutes de sport, dix minutes de douche froide. Puis, je lis un mantra accompagné d’une musique, pour me recentrer et vérifier si je suis aligné.
Quand une mauvaise nouvelle m’atteint, je l’exprime souvent dans ma newsletter. C’est mon exutoire, un moyen de prendre de la distance en partageant ce que je vis. Cela me permet de laisser l’émotion dans l’espace public et de continuer à avancer.
Comment définis-tu l’épanouissement professionnel ?
Pour moi, l’épanouissement professionnel, c’est être au bon endroit, à faire la bonne chose pour soi. Cela demande du travail, de l’introspection, et beaucoup de remise en question.
Je crois que c’est une quête permanente, pas un objectif figé. Chaque jour, je me demande si je suis à ma place. C’est une question saine, stimulante.
J’ai aussi compris que je ne veux pas recréer une entreprise comme avant. Ce n’est pas ma nature. Mon chemin, c’est celui de l’artisan, de celui qui fait avec ses mains et sa tête. C’est là que je me sens aligné.
