Blog des sérials learners

PORTRAIT ÉMOTIONNEL #45 Témoignage de Marion FABRE

Libérer la parole émotionnelle en entreprise

Fullémo réalise un recueil de témoignages permettant d’une part, de sensibiliser au rôle et à l’impact des émotions dans le travail et d’autre part, de libérer la parole émotionnelle en entreprise.

Il s’agit de répertorier les bonnes pratiques pour contribuer à l’éveil général.

Par ces partages d’expériences issues de tous types d’environnements, nous souhaitons diffuser des grilles de lecture, des trucs et astuces, des manières d’aborder les situations qui peuvent résonner et inspirer nos lecteurs.

Notre intention à travers ces éclairages est d’aider nos lecteurs à lutter contre la fatigue émotionnelle et favoriser leur épanouissement professionnel.

Pour en savoir plus sur les motivations à l’origine de ce recueil de témoignages : cliquez ici

Témoignage de Marion FABRE

Aujourd’hui nous invitons Marion FABRE à passer au tamis des questions 100% émotionnelles de Fullémo. Marion dirige le Campus Omnes Education de Lyon qui comprend notamment l’INSEEC, Sup de Pub

Être au contact des jeunes et les relier à l’entreprise, c’est ce qui anime Marion. L’important est de prendre du plaisir dans le travail, apprendre, découvrir de nouvelles choses et collaborer avec des personnes qu’elle apprécie. Le collectif est capital pour progresser et grandir ensemble.

Authentique et transparente, il est plus facile et naturel pour Marion de laisser paraître ses émotions que de les cacher.

Peux-tu te présenter ?

Marion Fabre : Je dirige un groupe d’enseignement supérieur privé qui me permet au quotidien de m’épanouir entre différents types de populations que sont les jeunes et les étudiants, les entreprises et les collaborateurs ainsi que le corps professoral. C’est un job qui a beaucoup de sens et qui met l’humain au centre de toutes les décisions.

Par ailleurs, je suis maman d’une jeune adolescente de 13 ans.

Je suis dans la même entreprise depuis 19 ans et à Lyon depuis 10 ans. Aujourd’hui le groupe INSEEC forme 40 000 étudiants, un peu plus de 6 500 à Lyon. Il y a 1800 salariés dans le groupe et un peu plus de 140 à Lyon auxquels il faudrait ajouter 80 personnes ETP pour inclure le corps professoral.

Comment définis-tu ton métier ?

Marion Fabre : J’ai un métier de dirigeant d’entreprise, je dois allier performance financière et développement de l’entreprise. Cela passe par le développement des collaborateurs et l’insertion professionnelle des étudiants. En effet, in fine, on vise la satisfaction des étudiants et leur insertion professionnelle.

En résumé, mon métier c’est d’allier la performance à l’épanouissement des collaborateurs et des étudiants.

Une part importante de ma mission concerne l’orientation des jeunes. Aujourd’hui quand un jeune nous rejoint, dans le meilleur des cas il a un projet en tête. Souvent ce projet n’est pas du tout celui qu’il aura à la sortie de ses études. Nous avons donc un rôle important à jouer dans l’orientation. Nous faisons face à la période de l’adulescence où ils construisent leur projet. Parfois, ils parviennent à le construire grâce à leurs parents, leur cadre familial si celui-ci est structurant (malheureusement c’est de moins en moins le cas).

Nous avons un rôle à jouer dans cette structuration, ce choix de parcours qui peut se faire par « J’ai adoré ce prof et du coup je voudrais faire de la finance ». D’autres déclarent : « Je voulais faire du marketing dans le luxe mais mon premier stage m’a dégoûté, ce n’est pas ce que j’imaginais, je ne veux plus faire cela et vais tester autre chose. »

Les étudiants construisent leur parcours par itération. Du coup ils s’interrogent énormément durant cette période. Notre rôle est de les écouter, les accompagner, les réconforter et les aider à trouver là où ils seront les meilleurs. Nous sommes là pour guider.

Quel est le sens que tu donnes à ton job ?

Marion Fabre : Le sens c’est le plaisir au quotidien de travailler auprès de mes collaborateurs et auprès de la jeunesse. C’est véritablement contribuer à l’épanouissement des différentes typologies de personnes qui interagissent dans l’univers de l’école.

Si travailler avec des jeunes n’a pas été un choix au départ, je pense aujourd’hui que c’est une vocation. Je travaille avec des jeunes qui sont en plein questionnement professionnel mais aussi personnel. Les jeunes que nous formons seront les managers de demain. Il y a donc une notion d’engagement à faire discuter le monde de l’entreprise et le monde étudiant. Souvent l’un critique l’autre, les deux visions ne sont pas toujours en adéquation. Notre rôle est de travailler ensemble pour au départ les faire cohabiter et à l’arrivée les faire co-agir et construire ensemble.

Quels impacts ont tes émotions sur ton travail ?

Marion Fabre : Mes émotions sont au centre de mon travail. Je fais tout par conviction, envie et engagement. J’ai besoin d’avoir au quotidien le feeling et la confiance pour pouvoir être performante. Les émotions sont donc au centre de mes actions, mais pas toujours de mes décisions. En effet, j’essaie de prendre du recul sur mes émotions pour prendre les bonnes décisions.

Il y a différents types de décisions : les décisions stratégiques qui impliquent des effets de bord et es décisions simples et opérationnelles. Pour ces dernières, je m’autorise beaucoup plus de réactivité, c’est mon mode de fonctionnement.

Sur le volet managérial, j’essaie de capter les émotions des collaborateurs, ce qui n’est pas toujours évident. Il faut déjà capter les émotions, être attentif aux signaux faibles, verbaux, non verbaux, aux éléments de langages corporels. Capter les informations telles que : « J’ai compris que tu n’es pas d’accord » ou « J’ai compris que tu adhères au projet » n’est pas toujours facile Pour cela, il faut que je sois bien alignée afin d’avoir la disponibilité pour percevoir ces informations. Le premier objectif est donc de capter leurs émotions et après je rentre assez directement dans l’échange : « Tu n’es pas en accord, qu’est-ce qui te gênes ? » ou au contraire : « Cool, tu adhères, qu’est-ce qui fait que tu y crois ? ». Je suis dans une hyper réactivité par rapport à l’expression des émotions.

Je m’autorise à exprimer mes émotions « Là, je ne le sens pas », « Là, je ne le gère pas ». Et alors on en parle. De toute façon, je peux difficilement cacher mes émotions qui transparaissent très vite. Comme je ne peux pas toujours maîtriser mes émotions, je ne peux ni les modifier, ni les cacher.

Le fait que je sois assez spontanée et naturelle dans le partage de mes émotions pousse mes collaborateurs à exprimer les leurs.

A une salariée qui faisait un peu la tête, j’ai demandé : « Qu’est-ce qu’il se passe ? Tu peux faire la tête à ton mari mais à moi, non ! Nous sommes dans un environnement professionnel, il y a quelque chose qui te chagrine, parlons-en pour pouvoir passer à autre chose ».Je suis assez directe, j’observe et je vais chercher l’information et la questionner. Parfois un peu trop, cela peut être dérangeant pour certaines personnalités qu’un manager vienne chercher sur le spectre des émotions. Je fais attention, je sais que je peux déranger certains, ce n’est pas le spectre de tout le monde. J’essaie de percevoir si je peux ou pas y aller.

Raconte-moi une expérience dans laquelle tu t’es sentie dépassée par tes émotions (ou tu as craint d’être dépassée) ?

Marion Fabre : J’ai souvent ce type d’expériences où je me sens dépassée par les émotions, il suffit alors que je les pose pour parvenir à les gérer.

Récemment, un salarié m’a fait part d’un problème de santé et je me suis mise à pleurer avec lui. Mon réconfort est passé par là mais je me suis laissée aller, j’ai compati, alors que mon rôle aurait sans doute été de dire « Ça va le faire ». Je n’ai pas retenu ce qui est venu.

Je crois que tous mes salariés m’ont vue pleurer. J’en suis quelque part assez fière, c’est un partage dans les deux sens des émotions. Cela témoigne de mon authenticité et de ma sensibilité : ce n’est pas parce que je suis directrice ou manager que je suis plus dure, plus résistante, pour moi c’est juste humain et c’est bien.

Cela donne un sens profond aux relations et au quotidien en entreprise. Nous passons plus de temps en entreprise qu’avec notre famille, il n’y a donc pas de raisons d’être différents.

Il m’est arrivé d’avoir à maîtriser mes émotions, ce qui est difficile pour moi et me demande une énergie et une concentration extrême. Cela me coûte énormément. Là où certains diraient que c’est plus facile de ne pas les montrer, pour moi c’est l’inverse, c’est beaucoup plus difficile de les cacher.

Quelles sont tes techniques pour rester confortable dans des situations qui t’impactent émotionnellement ?

Marion Fabre : Je fais appel à des techniques de relaxation, de respiration et d’hypnose. Je me cale sur ma respiration, mon corps, je me recentre sur mes énergies intérieures. Je visualise des parties de mon corps, la circulation de l’énergie…

Dès que je sens que les émotions peuvent prendre le pas, je m’oblige à me poser et à ne pas prendre la décision de suite. Souvent, je vais marcher et/ou je demande conseil à un ami pour me sortir de ma vision émotionnelle et passer dans une vision plus globale et stratégique.

Quand mes émotions montent trop, je pars, je sors me balader une demi-heure, une heure, je change d’environnement, je cherche le grand air.

Comment définis-tu l’épanouissement professionnel ?

Marion Fabre : L’épanouissement professionnel, c’est prendre plaisir à faire ce que je fais tous les jours. Quand des gens me disent qu’ils vont travailler avec la boule au ventre, moi j’y vais avec le sourire. J’adore mon métier, je suis entourée de gens et de collaborateurs avec lesquels je prends plaisir à travailler et aussi à échanger, et mon job a du sens. J’apprends et je découvre de nouvelles choses. L’avantage d’être avec des jeunes c’est que cela pousse à se remettre en question sur de nombreux sujets, en permanence.

En résumé, l’épanouissement professionnel c’est prendre plaisir, apprendre, découvrir de nouvelles choses et collaborer avec des gens que j’apprécie.

Pour conclure

Quelque chose qui est fondamental dans mon activité professionnelle, c’est le rôle du collectif, la puissance de l’équipe.

C’est prendre chacun avec ses avantages et ses inconvénients, ses forces et ses faiblesses pour construire un collectif dans lequel on prend plaisir à agir et plaisir à progresser.

La progression n’est pas qu’une performance financière, c’est une progression dans la connaissance des autres, de soi et dans le fait d’aider les collaborateurs à grandir, à développer leurs compétences, à exprimer leurs talents et leurs émotions.

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