Aujourd’hui, place au portrait émotionnel d’Aurélie d’Assignies, fondatrice de Very Foody, société de conseil en innovation culinaire, et de l’école de cuisine Délicieusement Votre. À travers cet échange sincère, Aurélie revient sur sa passion du goût, sa vision du clean label et la manière dont elle canalise ses émotions dans un métier intense et créatif.
Avec la série Portrait émotionnel, Fullémo donne la parole à des femmes et des hommes qui incarnent, à leur manière, l’intelligence émotionnelle au travail. À travers ces témoignages inspirants, nous cherchons à sensibiliser au rôle des émotions dans la vie professionnelle et à libérer une parole encore trop souvent retenue en entreprise.
- Portrait émotionnel d’Aurélie d’Assignies
- Qui est Aurélie ?
- Comment définissez-vous votre métier ?
- Quel est le sens que vous donnez à votre job ?
- Quels impacts ont vos émotions sur votre travail ?
- Racontez-moi une expérience dans laquelle vous vous êtes sentie dépassée par vos émotions
- Quelles sont vos techniques pour rester confortable dans des situations qui vous impactent émotionnellement ?
- Comment définissez-vous l’épanouissement professionnel ?
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Portrait émotionnel d’Aurélie d’Assignies
Qui est Aurélie ?
Aurélie d’Assignies dirige VeryFoody, société de conseil en innovation culinaire, et Délicieusement Votre, école de cuisine fondée en 2005. Elle nous partage ici, avec franchise et énergie, sa passion du goût, sa vision du métier et les émotions qui jalonnent son quotidien entrepreneurial.
Comment définissez-vous votre métier ?
Mon métier est de créer des produits pour l’industrie agroalimentaire avec un objectif clair : remettre du bon goût, de la culinarité et du clean label au cœur de cette industrie. Je me considère comme un chef cuisinier capable d’inventer des recettes destinées à l’échelle industrielle.
L’agroalimentaire est un univers très normé, souvent focalisé sur la sécurité sanitaire et la texture. Le plaisir gustatif y est parfois négligé. C’est là que j’interviens : pour rappeler que manger doit rester un plaisir et non une simple fonction utilitaire.
J’ai compris l’importance de mon rôle quand une start-up m’a sollicitée pour réinjecter de la culinarité dans sa gamme. J’ai alors découvert un métier passionnant mais très scientifique, où il manquait un maillon essentiel pour garantir l’appétence des produits. VeryFoody est né de ce constat, avec une ambition forte : créer un pont entre les chefs et l’industrie.
Quel est le sens que vous donnez à votre job ?
Je veux réconcilier deux mondes : l’ingénierie agroalimentaire et la cuisine. Le sens de mon travail réside dans cette mission : redonner de la gourmandise, du goût et des ingrédients propres (sans conservateurs ni texturants inutiles) aux produits de grande consommation.
Je suis convaincue que même si les gens cuisinent moins, ils méritent de manger des plats bons pour la santé et agréables pour le palais. Chez VeryFoody, notre particularité est d’être bicéphale : chefs et ingénieurs agroalimentaires collaborent étroitement. Et les industriels sont de plus en plus réceptifs à cette approche.
Quels impacts ont vos émotions sur votre travail ?
Je me lève le matin par gourmandise. Ce qui m’anime, c’est que ce soit bon. L’émotion du goût transparaît forcément dans une recette. Mes émotions sont liées au plaisir : je veux transmettre le bonheur de manger à travers mes créations.
Ce qui me met de mauvaise humeur ? Un plat raté ou sans saveur. Mon objectif est simple : rendre les gens heureux par ce qu’ils mangent. J’essaie aussi de transmettre du bon sens autour de l’alimentation.
Ce qui m’agace dans mon métier, c’est quand les clients ne voient que l’aspect sécurité alimentaire sans accorder d’importance à la dimension culinaire. L’innovation, c’est justement chercher autre chose, bousculer les habitudes.
Je me souviens d’un client qui m’a dit : « Vos innovations doivent rentrer dans mon tableau Excel ». Eh bien non, l’innovation ne se standardise pas. Elle se ressent, elle se goûte, elle se vit.
Racontez-moi une expérience dans laquelle vous vous êtes sentie dépassée par vos émotions
Un client nous a retourné une création en disant que tout était « déjà vu », que nous n’avions rien inventé. C’était faux, mais très déstabilisant. Cela m’a touchée profondément.
Heureusement, notre coach commerciale nous a aidés à relativiser. Elle nous a rappelé notre valeur, notre travail, et recommandé de laisser le client revenir de lui-même (il ne l’a jamais fait). Sans ce soutien, cela aurait entamé l’estime de l’équipe.
Cette expérience nous a aussi poussées à évoluer : aujourd’hui, nous appelons nos premières propositions des « V0 » au lieu de « V1 » pour cadrer les attentes. Cela a tout changé.
Quelles sont vos techniques pour rester confortable dans des situations qui vous impactent émotionnellement ?
Je respire. Je prends du recul. Et surtout, je médite chaque jour, avec une pratique très spirituelle : le Sahaja yoga. Cette discipline m’aide à transformer l’énergie négative en énergie positive. Je ne suis plus submergée.
Je filtre ce qui est justifié ou non. J’analyse sans personnaliser, je reste lucide. Et surtout, j’essaie d’être un exemple pour mon équipe.
Ce qui me met vraiment en colère ? Qu’on me dise que quelque chose est impossible. Notre métier, c’est d’explorer l’impossible. Je préfère qu’on essaie d’abord. Et ensuite, qu’on en parle. Je prouve par l’action que c’est faisable.
Comment définissez-vous l’épanouissement professionnel ?
Pour moi, l’épanouissement professionnel, c’est avoir une vie de famille épanouie et un job qui a du sens.
J’ai longtemps culpabilisé de ne pas être « assez » présente pour mes enfants ou pour mon entreprise. Aujourd’hui, je cherche simplement à être aussi heureuse en cuisine qu’à la maison.
Ce n’est pas une question de carrière brillante ou de salaire. Mon ambition, c’est l’équilibre. C’est ce qu’il y a de plus dur à atteindre, mais aussi ce qui me nourrit le plus.
Un jour, Constance Benqué, du groupe Lagardère, m’a dit :
« Pour être cheffe d’entreprise, il faut être bien entourée : un mari sympa, une belle-mère cool ou une super babysitter. »
C’est le meilleur conseil que j’ai reçu, et je le transmets à mon tour.