Aujourd’hui, place au portrait émotionnel de Laurent Fiard, fondateur et Président Directeur Général de Visiativ, et ancien Président du Medef Lyon Rhône. En tant que dirigeant engagé, il évoque avec franchise le quotidien émotionnel d’un entrepreneur.
Avec la série Portrait émotionnel, Fullémo donne la parole à des femmes et des hommes qui incarnent, à leur manière, l’intelligence émotionnelle au travail.
À travers ces témoignages sincères et inspirants, nous cherchons à sensibiliser au rôle des émotions dans la vie professionnelle et à libérer une parole encore trop souvent retenue en entreprise. Chaque portrait contribue à faire émerger des clés concrètes pour mieux vivre, ressentir et agir dans le monde du travail.
Comment définis-tu ton métier ?
Laurent Fiard :
Tout est dit dans le mot « entrepreneur ». Mon métier, c’est de dynamiser des projets, de les développer, de porter une vision. Il s’agit aussi de créer une dynamique collective, humaine, et de faire grandir les idées à travers un cap clair.
Quel est le sens que tu donnes à ton job ?
Laurent Fiard :
Créer une entreprise de zéro qui emploie aujourd’hui plus de 1 200 personnes, cela donne un sens fort : celui de créer de l’emploi et de la richesse.
Je me sens utile en étant un contributeur de valeur, pour l’entreprise mais aussi pour ses clients, notamment autour de deux enjeux clés : la compétitivité et la croissance durable.
Ce qui m’anime au quotidien, c’est le challenge, la prise de risque, l’envie d’aller vite et d’apprendre sans cesse. Il faut développer ses soft skills, rester curieux, créatif et adaptable dans un monde qui évolue vite.
Quels impacts ont tes émotions sur ton travail ?
Laurent Fiard :
Je suis un grand émotif, impulsif et impatient. Je dis ce que je pense, sans détour. La bienveillance pour moi, c’est la franchise, pas la complaisance.
Mes émotions me traversent facilement : je peux être cassant, me mettre en colère, mais cela ne dure jamais très longtemps. Je culpabilise ensuite. Je monte vite, je redescends vite.
Un dirigeant capte beaucoup de problèmes et doit pourtant rester un moteur d’enthousiasme. C’est une gymnastique constante : transformer les problèmes en solutions, rester facilitateur, accélérateur.
Ce qui m’agace, c’est la lenteur, les décisions qui traînent, les situations que l’on complexifie inutilement. Je suis attaché à la simplicité et à l’agilité. Dans une dynamique commerciale, il faut décider vite. Je parle avec les tripes, avec le cœur. Je ne triche pas.
Sur le terrain, c’est là que tout se joue. On peut avoir gagné dans le vestiaire, mais c’est sur le terrain que ça compte.
Une expérience où tu t’es senti dépassé par tes émotions ?
Laurent Fiard :
Le quotidien d’un chef d’entreprise est fait de hauts et de bas. Certaines journées commencent avec une énergie incroyable, d’autres avec de la fébrilité. C’est un vrai rollercoaster émotionnel.
L’exemple le plus marquant, c’est l’introduction en bourse de Visiativ. Le road show est une épreuve intense : préparation longue, pression constante, période courte et décisive. Il faut séduire des investisseurs en très peu de temps. On passe par tous les états : euphorie, fatigue, doute, excitation, peur.
C’est comme passer du rôle de coureur de fond à celui de sprinter, avec des enjeux majeurs à la clé.
Quelles sont tes techniques pour rester confortable dans des situations qui t’impactent émotionnellement ?
Laurent Fiard :
Je n’ai pas vraiment de méthode formelle. Le sport m’aide beaucoup à évacuer, à me remettre dans une dynamique positive. Je suis aussi adepte des micro-siestes de 5 à 10 minutes, qui me permettent de tenir sur la durée.
Je dis ce que je pense rapidement. Cela peut être brutal, mais cela m’évite de ruminer. Je ne garde rien. Je ne dors pas sur mes colères. Mieux vaut que ça explose vite et que l’on passe à autre chose.
Je déteste la cocotte-minute émotionnelle. J’ai besoin d’évacuer sur le moment pour retrouver la clarté.
Comment définis-tu l’épanouissement professionnel ?
Laurent Fiard :
J’ai la chance de ne pas avoir l’impression de travailler. Je suis passionné. Ce qui m’épanouit, c’est d’innover, de rester curieux, de chercher sans cesse de nouvelles idées, d’avoir ce « coup d’avance ».
L’épanouissement, c’est aussi le collectif. À travers Visiativ, nous avons intégré une vision collaborative : casser les silos, simplifier les organisations, faire bouger les lignes ensemble.
Je suis passionné par le fait d’embarquer les équipes, de les fédérer autour d’un projet. Voir les autres s’épanouir me rend fier. L’engagement est pour moi le signe de l’épanouissement. Et pour être engagé, il faut être passionné.
Mais cela peut aussi être un risque : quand le projet a trop de sens, on peut dépasser ses limites. Le travail peut devenir envahissant. Personnellement, j’ai toujours Visiativ en tête, même en vacances. C’est souvent là que je suis le plus inspiré.
