Blog des sérials learners

PORTRAIT ÉMOTIONNEL #50 Témoignage de Christophe ROURE

Libérer la parole émotionnelle en entreprise

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Fullémo réalise un recueil de témoignages permettant d’une part, de sensibiliser au rôle et à l’impact des émotions dans le travail et d’autre part, de libérer la parole émotionnelle en entreprise.

Il s’agit de répertorier les bonnes pratiques pour contribuer à l’éveil général.

Par ces partages d’expériences issues de tous types d’environnements, nous souhaitons diffuser des grilles de lecture, des trucs et astuces, des manières d’aborder les situations qui peuvent résonner et inspirer nos lecteurs.

Notre intention à travers ces éclairages est d’aider nos lecteurs à lutter contre la fatigue émotionnelle et favoriser leur épanouissement professionnel.

Pour en savoir plus sur les motivations à l’origine de ce recueil de témoignages : cliquez ici

Témoignage de Christophe ROURE

Cette semaine c’est l’entrepreneur Christophe Roure, CEO d’emage-me, qui se livre auprès de Mathilde Héliès dans son rapport aux émotions dans le travail. emage-me est une solution digitale de feedback, avec un concept déposé « Le Retour d’Image ® », un référentiel de valeurs, motivations, compétences et Soft Skills, le tout animé par une raison d’être : « apprendre à mieux se connaître pour grandir ».

Christophe se dépeint comme un « diesel de l’entrepreneuriat ». Son parcours illustre combien le chemin vers l’entrepreneuriat peut être long, quand bien même il nous anime depuis longtemps.

Christophe est aussi un bel exemple d’entrepreneur qui part de ses propres besoins pour créer une entreprise : il souhaitait recueillir davantage de feedbacks et a cherché un moyen de faciliter les retours et la meilleure connaissance de soi. emage-me est née !

Il témoigne aussi de sa quête de sens au travers de la création de son entreprise, de l’importance du collectif, de cette envie viscérale d’être fier du service délivré et de ce stress auquel il est soumis en tant que dirigeant.

Comment te décris-tu ?

Christophe Roure : A titre professionnel, je me décrirais comme un « diesel de l’entrepreneuriat ». J’ai en effet toujours eu cette envie et objectif de créer et diriger une entreprise !

Mais plus jeune, fort d’un esprit plutôt cartésien, avec un besoin de sécurité fort et issu d’une famille de « salariés », j’ai construit un parcours professionnel qui devait m’amener lentement mais sûrement vers mon objectif.

Après des études universitaires, j’ai fait mes armes dans l’audit (afin de comprendre les rouages comptables d’une entreprise), puis j’ai œuvré près de 20 ans dans le Consulting, à Lyon, à Paris et à l’étranger. J’ai ainsi pu déployer ma stratégie entrepreneuriale, en évoluant de consultant, à manager, puis associé et créateur d’une Business Unit Conseil – au sein d’un groupe – dans une démarche intrapreneuriale.

Pour enfin, en 2018, à 45 ans, atteindre mon graal en lançant ma propre structure.

Rétrospectivement, ce que finalement j’aime c’est créer, être perpétuellement en action, et surtout partager la dynamique de développement avec les équipes.

Côté personnel

Personnellement, je suis marié et papa de 3 enfants, dont 2 encore assez jeunes (8 et 11 ans) et un grand de 24 ans (lui-même en pleine démarche de création de start-up). Ma femme a également cette appétence entrepreneuriale, et après avoir eu son cabinet de sage-femme, elle s’est récemment lancée dans le projet d’une boutique.

Autant dire que mon quotidien est bien dense, avec un prisme fort autour de ma famille… ainsi que mes amis (que je ne vois malheureusement jamais assez, mais on arrive à se ritualiser des moments tout au long de l’année)

Si je dois me décrire personnellement, je suis régulièrement de bonne humeur, chantant, à l’écoute de mes proches et dans la communication. Je suis souvent dans la projection et la planification (parfois trop) et surtout en mode multi-projets. J’ai en revanche parfois du mal à gérer certaines émotions, essentiellement dans un environnement personnel, et parfois la cocotte explose…

Je suis avec l’âge de plus en plus attiré par le développement personnel et la spiritualité, alors même que j’étais plus jeune très analytique. J’aime dire que je préfère la personne que je suis devenue.

Enfin, parmi mes nombreux adages, ceux qui me correspondent le plus : « Transformer la contrainte en opportunité » et « Mieux vaut tard que jamais ».

Peux-tu présenter emage-me ?

Christophe Roure : avant tout je vais te parler de la genèse de ce projet.

J’avais toujours eu le sentiment qu’on a rarement, en tant qu’individu, l’occasion ou la possibilité de savoir ce que les autres pensent de nous, et ce de manière sincère et constructive !!

L’objectif n’est pas de chercher la vérité dans le regard de l’autre ! Mais c’est d’avoir un retour sincère, dont on n’a pas forcément toujours conscience, sur ses points de forces et axes de progrès.

Ce constat, je l’ai tiré notamment de mon expérience professionnelle : en tant que consultant, j’ai toujours trouvé frustrant de ne pas avoir de retour de ses clients sur soi.  On pouvait parfois en avoir sur la mission ou sur le cabinet (encore fallait-il le demander), mais jamais sur soi, individuellement. Et c’est cette quête du développement individuel et du mieux communiquer, qui m’a poussé dans cette direction.

J’ai donc créé il y a plus de 6 ans emage-me, une solution digitale de feedback, avec un concept déposé « Le Retour d’Image ® » et une raison d’être : « apprendre à mieux se connaître pour grandir ».

Mon associé, Brice Antoine, m’a rejoint rapidement et nous dirigeons ensemble l’entreprise. Nous avons complété la proposition de valeurs en associant le feedback à un référentiel cognitif, élaboré autour des valeurs, des motivations, des compétences et des Soft Skills.

emage-me, c’est aujourd’hui une quinzaine de collaborateurs, un comité scientifique d’une dizaine d’experts RH, une app et une plateforme-web, un référentiel cognitif, 50 clients entreprises et écoles (en France et à l’étranger), une vingtaine d’actionnaires issus de 3 levées de fonds,  plus de 100 000 utilisateurs de l’app et près de 500 000 feedbacks échangés !

Nous nous adressons à deux secteurs au travers d’offres dédiées :

  • Emage-me Education : « Comment rendre les étudiants acteurs de leur employabilité & transformer le process de suivi des alternants. »
  • Emage-me Entreprise : « Comment réenchanter les entretiens annuels et booster l’engagement collaborateurs. »

Comment définis-tu ton métier ?

Christophe Roure : je partage avec mon associé la vision stratégique et la gouvernance de l’entreprise, avec une répartition des rôles qui s’est faite très naturellement, à la fois sur nos expertises techniques mais aussi humaines. Notre complémentarité est notre force !

Opérationnellement, Brice à en charge le pilotage de la dimension technique et produit du projet et le déploiement clients ; pour ma part je porte les sujets commerciaux et les relations avec les clients clés, le marketing/ communication, et les sujets RH/back office/finance, notamment les levées de fonds et relations actionnaires.

Si je dois définir mon métier de manière plus conceptuelle, je me vois comme le porteur d’un projet entrepreneurial, qui est par définition incertain et mouvant.  Mon rôle est de donner et partager la vision tout en m’alimentant des inputs de toute l’équipe pour la faire évoluer si besoin.

Je dois alors proposer un cadre et un environnement qui soient les plus favorables à l’exécution du projet.

Il s’agit aussi de garantir les moyens financiers et surtout humains (attirer les bonnes personnes au bon moment et leur donner envie de revenir le lendemain !).

Mon rôle est aussi de m’assurer que les valeurs de l’entreprise (Sens, Bienveillance, Plaisir, Exigence) sont bien incarnées par chacun d’entre nous au quotidien.

Quel est le sens que tu donnes à ton Job ?

Christophe Roure : depuis toujours j’ai été très impliqué dans mes différentes expériences professionnelles. Lorsque j’ai décidé de me lancer dans cette nouvelle aventure, cette notion de « Sens » a été primordiale dans sa genèse et mes leviers de motivation.

Je souhaitais en effet mettre toute mon énergie et mon ambition, dans un projet qui soit porteur de « Sens » à la fois pour moi et pour mon environnement.

Concrètement ça se matérialise comment cette quête de « sens » ?

Christophe Roure : pour moi, c’est une combinaison des facteurs qui contribuent à me rendre fier de ce que nous proposons et qui me permettent de me lever le matin avec le sourire. Et plus précisément :

  • Être un acteur de la transformation et de la révolution digitale, en proposant une offre innovante, qui soit réellement créatrice de valeurs pour nos utilisateurs et clients ; et idéalement avec un effet « Wahou » ;
  • Créer de l’emploi et de la contribution économique ;
  • Prendre personnellement du plaisir dans mon quotidien ;
  • Rechercher le bien-être et l’épanouissement des équipes en leur offrant un environnement de travail réellement bienveillant (même si le terme est souvent galvaudé…) et un projet ambitieux qui puisse accompagner leur progression ;
  • Partager des moments d’échanges avec des « gens vrais » : on a cette chance d’avoir globalement de supers clients !

Quels impacts ont tes émotions sur ton travail ?

Christophe Roure : ce sujet n’est pas simple pour moi, j’éprouve une forme d’ambivalence.
D’un côté j’aime me nourrir des émotions des autres et je suis sensible à leurs ressentis, leurs motivations et leur bien-être. De l’autre, j’essaye de prendre du recul sur ces situations, et d’apporter le maximum d’attention et de réponses.

Je suis toujours très intéressé à essayer de décrypter les schémas émotionnels. Je m’efforce systématiquement de me mettre à la place de l’autre pour essayer de comprendre son « Pourquoi ». Ce qui n’est d’ailleurs pas toujours évident, et parfois très consommateur d’énergie (et d’émotions) avec un effet « éponge ».

En revanche, concernant mes propres émotions, si elles constituent indéniablement le moteur de mon quotidien, je suis souvent dans le schéma de ne pas vouloir les faire subir aux autres, et principalement à mes équipes.

Ainsi, si le stress fait partie intégrante de ma fonction, les retours qui me sont formulés par l’équipe (bien naturel pour une entreprise de feedbacks 😉 ), mettent en lumière le fait que je sais « protéger » les équipes de mes possibles interrogations ou inquiétudes. Cela, au profit d’un cadre plus serein et propice au développement.

J’ai par ailleurs un adage que je me répète en situation : « jamais de réactions à chaud ». En effet, si je peux parfois être emporté par mes émotions dans certains contextes, j’essaye systématiquement de prendre du recul…

Pas sûr au demeurant que ma femme partage tout le temps ce constat dans ma sphère personnelle !

Raconte-moi une expérience dans laquelle tu t’es senti dépassé par tes émotions (ou tu as craint d’être dépassé) ?

Christophe Roure : je gère assez mal les conflits et surtout les situations d’injustice (ou tout du moins que je considère comme telles).

J’ai ainsi eu l’occasion dans mes différentes expériences, de me séparer/licencier des personnes qui avaient de vraies valeurs et auxquelles j’étais attaché. Néanmoins, si ces moments sont humainement difficiles à appréhender, émotionnellement je les ai toujours plutôt bien vécus. Ma clé pour cela, est de rester attaché à des éléments très factuels : soit de performance opérationnelle, soit d’enjeux économiques, au profit de l’entreprise – mais aussi de l’équité par rapport aux autres collaborateurs.

En revanche, dans une situation similaire, j’ai dû faire face à la réaction d’un collaborateur qui a utilisé des leviers relevant d’informations fausses et manipulatoires. J’ai eu dans ce cas plus de mal à appliquer mon adage ! Je me suis senti trahi, et désarmé face à cette situation que je ne maitrisais plus. Je ne pouvais plus me rattacher aux éléments factuels et probants, et mes émotions (agacement, directivité) ont pris le dessus durant le rendez-vous.

J’étais à ce moment-là très frustré et déçu de mon propre comportement ; je m’en voulais de ne pas avoir su contenir la situation.

J’ai en l’occurrence décidé de clore le rendez-vous. J’ai organisé quelques jours plus tard un nouvel entretien, en présence du DRH, afin de rationaliser l’échange. La situation s’est alors apaisée et nous avons réussi à trouver un terrain d’entente.

Quelles sont tes techniques pour rester confortable dans des situations qui t’impactent émotionnellement ?

Christophe Roure : si j’ai le temps de me préparer en amont, je rationnalise la situation.

Je pose les différents scénarios afin d’anticiper les impacts émotionnels.

Dans tous les cas, j’essaye surtout de relativiser, de prendre du recul et de garder en ligne de mire l’objectif associé à la situation.

Dans la mesure du possible, je vais me mettre à la place de l’autre pour essayer de comprendre quels sont ses leviers de motivation.

En revanche, si la situation n’est pas prévisible et qu’elle s’impose subitement à moi, j’applique une autre technique pour faire redescendre le trop plein d’émotions : la respiration inversée !

Enfin, plus globalement, je me suis mis à la « méditation / yoga » depuis un certain temps, avec une pratique matinale quotidienne. Cette activité me permet de créer cet espace de lâcher prise. Il est d’ailleurs intéressant de constater une forme d’addiction positive qui se créée dans la durée.

Comment définis-tu l’épanouissement professionnel ?

Christophe Roure : si on considère la question de manière générale, je pense que cette notion est très différente d’une personne à une autre, et/ou en fonction de son expérience et de son avancement dans sa carrière professionnelle.

Responsabilité, reconnaissance, management d’équipes, rémunération, transmission, ascension, autonomie, expertise technique, interaction sociale… Les leviers de motivation sont multiples et je dis cela sans aucun jugement de valeurs.

Pour ma part, et à cet instant de ma carrière, cet épanouissement passe par l’alignement avec les différents objectifs que je m’étais fixés pour emage-me.  

Et pour illustrer ce point, je vais te raconter une anecdote : avant de me lancer, j’ai longuement posé « le pour et le contre ».  Je me suis notamment fait accompagner par une amie coach.

Une de ses questions fût : « A quel moment considéreras-tu avoir réussi ton projet et pourquoi ? ». Je me rappelle à l’époque avoir répondu : « Lorsque j’aurai un produit/service innovant, des collaborateurs, des clients et des actionnaires ».

Ces objectifs ont tous été atteints depuis !

Ils m’ont ainsi permis d’atteindre un premier niveau d’épanouissement. Mais rétrospectivement je rajouterai 2 éléments fondamentaux dans l’équation : « plaisir et sérénité » !

J’ai eu plus de mal à suivre et conforter ces deux derniers critères, car initialement, je ne les avais pas identifiés formellement comme des objectifs. Je parle au passé, car j’ai eu l’occasion il y a près de 2 ans d’en prendre conscience. Depuis, je suis beaucoup plus vigilant et aligné dans mon quotidien.

Et pour finir, mes nouveaux objectifs – complémentaires aux précédents – sont désormais « rentabilité et scalabilité » :  le but étant à la fois d’atteindre un niveau de performance économique suffisant, propice à plus de sérénité ; et de se projeter sur une accélération forte de notre développement, afin d’offrir des opportunités de progression pour l’ensemble des parties prenantes du projet.

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