Place au Portrait émotionnel de Franck Boucaud-Maître, Directeur Général de la Maison Café Chocolat Voisin, qui se livre auprès de Mathilde Héliès dans son rapport aux émotions au travail.
Avec la série Portrait Émotionnel, Fullémo donne la parole à des femmes et des hommes qui incarnent, à leur manière, l’intelligence émotionnelle au travail.
À travers ces témoignages sincères et inspirants, nous cherchons à sensibiliser au rôle des émotions dans la vie professionnelle et à libérer une parole encore trop souvent tue en entreprise.
Chaque portrait est structuré autour de six questions identiques, et retranscrit avec soin pour préserver l’authenticité et la profondeur des échanges.
Notre intention : inspirer, transmettre des clés, et favoriser l’épanouissement professionnel en rendant visibles des récits vécus.
- Découvrons le Portrait émotionnel de Franck Boucaud-Maître
- Peux-tu te présenter ?
- Comment définis-tu ton métier ?
- Quel est le sens que tu donnes à ton job ?
- Quels impacts ont tes émotions sur ton travail ?
- Raconte-moi une expérience où tu t’es senti dépassé par tes émotions.
- Quelles sont tes techniques pour rester confortable dans des situations émotionnellement difficiles ?
- Comment définis-tu l’épanouissement professionnel ?
- Ce que nous retenons de ce Portrait Émotionnel de Franck Boucaud-Maitre
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Découvrons le Portrait émotionnel de Franck Boucaud-Maître
Peux-tu te présenter ?
Je suis directeur général, avec mon cousin, de la Maison Cafés Chocolats Voisin, une entreprise familiale centenaire.
Nous sommes 190 personnes, jusqu’à 250 en période de fêtes. Pâques et Noël représentent 60 % de notre chiffre d’affaires réalisé en moins de deux mois.
C’est une entreprise qui porte les valeurs du plaisir, du sens, et du collectif. Je suis très attaché au bien-être de mes équipes.
Comment définis-tu ton métier ?
Mon métier s’articule autour de trois valeurs : le plaisir, l’expertise, et le sens.
Le plaisir de partager, de créer, d’améliorer, et de transmettre.
L’expertise grâce à une brigade d’une cinquantaine de maîtres chocolatiers qui préservent des savoir-faire artisanaux.
Et le sens, qui guide nos choix en matière d’approvisionnement, de partenariats locaux, et d’impact. Nous sourçons durablement, travaillons avec des petits producteurs, et portons des engagements forts.
Mais mon vrai moteur, c’est de maintenir la motivation et l’engagement de collaborateurs très fidèles – 20 ans d’ancienneté moyenne.
Je ne crois pas à la pression. La pression, c’est pour les ânes. Ce que je cherche, c’est à transformer la pression en engagement.
Quel est le sens que tu donnes à ton job ?
Je suis quelqu’un qui s’épanouit avec les autres.
Mon plaisir vient du sourire des collaborateurs, du lancement de nouveaux projets, et du renouveau permanent.
Le sens a évolué avec le temps : avant, c’était “plus vite, plus haut, plus fort”. Aujourd’hui, c’est “plus juste, plus agréable, plus collectif”.
Je pense aux vingt prochaines années, à ce que l’on va laisser. Le sens, c’est aussi cette projection-là.
Quels impacts ont tes émotions sur ton travail ?
Mes émotions sont mon travail. Je suis une vraie éponge émotionnelle.
Je ressens beaucoup, je vis ce que vivent les autres. Heureusement, on a des équipes très positives.
Je crois que 80 % des problèmes se règlent en écoutant. Aussi, je vais saluer chaque collaborateur le matin, car c’est souvent là qu’un message peut émerger et reste disponible, mais sans être intrusif.
Je rêve d’un label d’excellence du savoir-être.
Nous avons obtenu le label EPV (Entreprise du Patrimoine Vivant), et nous visons le statut d’entreprise à mission en 2024.
Mais en vérité, nos valeurs sont déjà là. Ce sont elles qui nous guident au quotidien.
Raconte-moi une expérience où tu t’es senti dépassé par tes émotions.
Ce sont surtout les situations humaines difficiles qui m’impactent.
Licencier quelqu’un qu’on apprécie humainement est une des choses les plus dures pour moi. Je vis ce que ressent la personne.
Même si la décision est juste, je le vis mal. Mais l’entreprise doit passer avant tout.
Autre sujet complexe : les tensions dans une entreprise familiale, où l’affect se mêle au pro. Cela peut brouiller la vision, et compliquer les décisions.
Quelles sont tes techniques pour rester confortable dans des situations émotionnellement difficiles ?
Je fais beaucoup de sport, je cours, je m’entraîne et prends du recul : je me répète que la cause est plus grande que la conséquence.
Je me convaincs que ce que je fais est aligné avec mes valeurs, juste pour l’entreprise, et bon pour l’avenir.
Cela m’aide à ne pas avoir de remords, même si cela m’affecte.
Et puis, je veille à ce que les autres soient bien. Car un collaborateur épanoui génère des émotions positives, et cela fait du bien à tout le monde.
Comment définis-tu l’épanouissement professionnel ?
C’est l’alignement dans un cadre. Travailler sur la partie haute de la pyramide de Maslow. Trouver du sens.
Et avoir un impact.
Par exemple, nous avons créé le Carré Voisin, un incubateur de start-up que nous soutenons gratuitement.
On n’en tire aucun avantage économique. C’est juste pour contribuer, pour transmettre.
Je sais ce que ça représente : à 25 ans, j’étais dans une start-up, et j’aurais aimé être aidé. Aujourd’hui, je le fais pour les autres.
Ce que nous retenons de ce Portrait Émotionnel de Franck Boucaud-Maitre
Dans ce portrait émotionnel de Franck Boucaud-Maitre incarne un leadership émotionnel profondément humain, ancré dans la bienveillance, la proximité, et l’alignement.
Il montre que l’excellence n’est pas que dans le produit, mais aussi dans le savoir-être.
Il transforme les émotions en levier d’engagement, et les conflits en occasions de compréhension.
Et surtout, il nous rappelle qu’un dirigeant peut être sensible, accessible, lucide… et profondément performant.
Le management, ici, devient un art du lien, du climat, et du sens partagé.
Merci à Franck Boucaud-Maitre pour ce témoignage inspirant, incarné et porteur d’espoir.
