Place au Portrait Émotionnel de Christophe Fargier, créateur de la Brasserie Ninkasi et de son concept « Bière, Burger et musique ».
Avec la série Portrait Émotionnel, Fullémo donne la parole à des femmes et des hommes qui incarnent, à leur manière, l’intelligence émotionnelle au travail.
À travers ces témoignages sincères et inspirants, nous cherchons à sensibiliser au rôle des émotions dans la vie professionnelle et à libérer une parole encore trop souvent tue en entreprise.
Chaque portrait est structuré autour de six questions identiques, et retranscrit avec soin pour préserver l’authenticité et la profondeur des échanges.
Notre intention : inspirer, transmettre des clés, et favoriser l’épanouissement professionnel en rendant visibles des récits vécus.
- Comment définissez-vous votre métier ?
- Quel est le sens que vous donnez à votre travail ?
- Quels impacts ont vos émotions sur votre travail ?
- Racontez une situation où vous vous êtes senti dépassé par vos émotions
- Quelles sont vos techniques pour gérer les situations émotionnelles ?
- Comment définissez-vous l’épanouissement professionnel ?
- Ce que nous retenons de ce Portrait Émotionnel
Comment définissez-vous votre métier ?
Christophe Fargier est un entrepreneur… mais pas au sens traditionnel du terme.
Il se définit comme un “chef d’orchestre du vivant”, à la tête d’un collectif qu’il considère comme un écosystème sensible et évolutif.
Son rôle n’est pas d’imposer un cap figé, mais de maintenir l’équilibre entre liberté individuelle et dynamique collective.
Il croit en la force des initiatives locales, à condition de construire des cadres de cohérence, des repères partagés. Il parle d’auto-évaluation régulière, de débriefs structurés, de temps pour penser ensemble.
« Je vois le Ninkasi comme une tribu qui se régule, avec des leaders qui font circuler l’énergie. »
Son métier, c’est de faire grandir les autres. De donner à chacun l’espace pour s’exprimer, mais aussi la responsabilité de sa contribution.
Quel est le sens que vous donnez à votre travail ?
Pour Christophe, entreprendre ne se résume pas à créer une entreprise. C’est participer à la transformation du monde.
Il croit profondément que l’entreprise peut être un acteur de changement, capable d’agir concrètement pour un mieux commun.
Avec Ninkasi, il a voulu créer plus qu’un lieu : un espace de lien, de culture, de plaisir, au cœur de la ville, dans les quartiers.
Son ambition dépasse l’économie : toucher les gens, faire circuler les idées, valoriser les métiers manuels et l’apprentissage, offrir une scène à ceux qui n’en ont pas.
« L’émotion, la musique, la bière, la cuisine… tout est prétexte à la rencontre et à l’éveil. »
Son rêve ? Que le travail soit un lieu d’épanouissement pour chacun, et que les entreprises jouent pleinement leur rôle dans la société.
Quels impacts ont vos émotions sur votre travail ?
Les émotions sont omniprésentes dans son quotidien.
Christophe considère qu’elles sont le carburant de son engagement. Le plaisir, la frustration, la peur, la joie… toutes participent à sa manière de décider, de communiquer, d’avancer.
Il veille à cultiver une symétrie émotionnelle : prendre soin des collaborateurs pour qu’ils puissent à leur tour prendre soin des clients.
Il parle aussi de l’importance du ton, des regards, de l’énergie transmise dans les échanges.
« Si on veut que les gens donnent le meilleur, il faut les rejoindre là où ils sont. Et ça, c’est une affaire d’émotion. »
Racontez une situation où vous vous êtes senti dépassé par vos émotions
Il revient sur un moment clé : le premier confinement de 2020.
Alors que tout s’arrête brutalement, il se sent investi d’une responsabilité immense. Il anticipe, veut tout gérer, rassurer, organiser… sans laisser place à la sidération collective.
Il comprend rapidement qu’il a projeté sa propre réaction sur les autres, sans prendre le temps d’écouter.
Une erreur managériale qu’il reconnaît avec humilité. Il se sent isolé, en tension, en surchauffe. Ce sont ses équipes qui lui tendent un miroir.
Il accepte alors de ralentir, de déléguer davantage, de faire confiance à l’intelligence collective.
Ce moment marque un tournant dans sa manière de diriger : plus fluide, plus connectée à ce que vivent les autres.
Quelles sont vos techniques pour gérer les situations émotionnelles ?
Christophe parle d’hygiène émotionnelle.
Son rituel ? Se lever tôt, courir, observer, respirer. Il trouve dans la nature un cadre régulateur, une source d’ancrage et d’humilité.
Il utilise aussi l’écriture et la relecture : nommer les émotions, poser ses pensées, relire les faits pour retrouver du recul.
Et surtout, il s’entoure. Il s’appuie sur des personnes de confiance pour partager, décaler le regard, sortir de l’instant.
« La raison vient avec le refroidissement. J’ai besoin de laisser infuser. »
Comment définissez-vous l’épanouissement professionnel ?
L’épanouissement, pour lui, c’est réaliser ce qu’on est venu faire ici, avec ses talents, ses désirs, ses contradictions.
Il croit à un modèle de travail plus humain, plus relationnel, plus ancré dans le vivant.
Un lieu où l’on apprend, où l’on transmet, où l’on évolue ensemble.
« Le Ninkasi, ce n’est pas une marque. C’est une idée en mouvement. »
Il défend l’idée qu’on peut être exigeant sans être brutal, ambitieux sans être écrasant. Et que le plaisir au travail est un moteur bien plus puissant que la peur.
Ce que nous retenons de ce Portrait Émotionnel
Christophe Fargier incarne un entrepreneuriat sensible, incarné, profondément vivant.
Il nous rappelle que l’émotion, loin d’être une faiblesse, est un levier d’engagement, de création, de transformation.
À travers son témoignage, il nous invite à reconsidérer nos modèles, à faire confiance au collectif, et à bâtir des entreprises où l’on prend soin — des autres, du monde, de soi.
