Place au Portrait Émotionnel de Alexandra MATHIOLON est Présidente Directrice Générale du Groupe Serfim qui compte 2 800 personnes pour un chiffre d’affaires de 528 millions d’euros.
https://fullemo.com/portrait-emotionnel/Avec la série Portrait Émotionnel, Fullémo donne la parole à des femmes et des hommes qui incarnent, à leur manière, l’intelligence émotionnelle au travail.
À travers ces témoignages sincères et inspirants, nous cherchons à sensibiliser au rôle des émotions dans la vie professionnelle et à libérer une parole encore trop souvent tue en entreprise.
Chaque portrait est structuré autour de six questions identiques, et retranscrit avec soin pour préserver l’authenticité et la profondeur des échanges.
Notre intention : inspirer, transmettre des clés, et favoriser l’épanouissement professionnel en rendant visibles des récits vécus.
- Portrait Émotionnel de Alexandra Mathiolon
- Peux-tu te présenter ?
- Comment définis-tu ton métier ?
- Quel est le sens que tu donnes à ton job ?
- Quels impacts ont tes émotions sur ton travail ?
- Raconte-moi une expérience dans laquelle tu t’es sentie dépassée par tes émotions.
- Quelles sont tes techniques pour rester confortable dans des situations qui t’impactent émotionnellement ?
- Comment définis-tu l’épanouissement professionnel ?
- Ce que nous retenons de ce Portrait Émotionnel
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Portrait Émotionnel de Alexandra Mathiolon
Peux-tu te présenter ?
Je suis Présidente du Groupe SERFIM, un groupe indépendant basé à Lyon, qui regroupe 16 filiales et plus de 2 800 collaborateurs.
Notre métier, c’est d’accompagner les territoires vers la transition environnementale : travaux publics, eau, réseaux d’énergie, mobilité, recyclage… Nous sommes là pour bâtir un monde durable.
Je suis aussi maman de deux jeunes enfants, et j’accorde beaucoup d’importance à l’équilibre entre mes engagements professionnels et personnels.
Je suis arrivée dans l’entreprise familiale il y a plus de 15 ans, j’y ai appris tous les métiers, et j’en ai repris la direction en 2020.
Comment définis-tu ton métier ?
Je me vois comme un chef d’orchestre. Mon rôle, c’est de faire en sorte que toutes les parties de l’entreprise fonctionnent ensemble.
Je dois à la fois impulser une vision stratégique, garantir la performance économique, incarner les valeurs du groupe, prendre soin des personnes… et rester disponible.
C’est un métier d’équilibre et de tension : on jongle en permanence entre urgence et importance, entre gestion du quotidien et vision long terme.
Quel est le sens que tu donnes à ton job ?
Je veux contribuer à un monde plus durable, plus humain.
Chez SERFIM, on ne travaille pas “contre” le réchauffement climatique : on travaille avec cette conscience.
On se sent responsables. Ça nous pousse à agir différemment.
Le sens passe aussi par la transmission. Reprendre une entreprise familiale, ce n’est pas neutre émotionnellement. C’est une histoire de lignées, de confiance, de respect des racines et de création d’avenir.
Je veux aussi que les collaborateurs se sentent bien ici. Qu’ils soient fiers de ce qu’ils font. Que leur travail ait un impact réel.
Quels impacts ont tes émotions sur ton travail ?
Énormément. Je vis les choses de manière intense.
Il y a une attente très forte autour de ma posture. Je dois contenir certaines émotions pour ne pas déstabiliser. Mais je ne joue pas un rôle. Je suis vraie.
Je pense que l’émotion est une force quand elle est canalisée. Elle me permet d’être en lien, d’écouter vraiment, de détecter ce qui ne va pas, même sans mots.
Il m’arrive de pleurer au travail. Ce n’est pas un tabou. Ce sont des larmes de tension, de fatigue, parfois de fierté. Je ne les cache pas. Je veux montrer que c’est compatible avec la responsabilité.
Raconte-moi une expérience dans laquelle tu t’es sentie dépassée par tes émotions.
Il y a eu ma participation à la Convention des Entreprises pour le Climat.
C’était un choc émotionnel. Je savais, mais je n’avais jamais ressenti autant d’urgence, autant de déséquilibre. J’ai traversé un état de sidération, puis une forme de révolte, puis une mobilisation intérieure.
C’est une émotion forte, qui a nourri une décision stratégique : faire de la transition écologique le cœur de notre raison d’être.
Et puis il y a eu des moments plus personnels : la passation avec mon père, par exemple. Prendre la suite, c’est une responsabilité énorme. J’ai ressenti beaucoup de pression, de peur aussi. Et beaucoup d’amour.
Enfin, dans notre secteur, il y a des sujets humains très lourds. Un accident du travail, même rare, est toujours un choc. L’émotion prend toute la place. Et il faut rester solide pour accompagner.
Quelles sont tes techniques pour rester confortable dans des situations qui t’impactent émotionnellement ?
D’abord, je m’autorise à ressentir. Je ne fais pas semblant. Ensuite, je m’entoure. Je ne reste pas seule.
J’ai un cercle de confiance avec qui je peux déposer mes ressentis. J’en parle, je prends du recul.
Je marche beaucoup. Le mouvement m’aide à penser, à trier.
J’aime aussi lire, écouter, me nourrir de ce que vivent d’autres dirigeant·es. Ça m’aide à relativiser et à continuer.
Et puis j’ai appris à dire non. À mettre des limites, à respecter mon énergie.
Comment définis-tu l’épanouissement professionnel ?
C’est une forme de justesse. Je me sens à ma place quand je peux être alignée avec mes valeurs, utile aux autres, en mouvement.
Ce n’est pas l’absence de difficulté. C’est le fait de se sentir vivante, en lien, avec une marge d’action.
J’ai besoin de sens, de relations sincères, de moments de joie. L’épanouissement naît de l’alignement entre ce que je fais, ce que je ressens, et ce que je crois juste.
Ce que nous retenons de ce Portrait Émotionnel
Alexandra Mathiolon incarne un leadership d’une rare intensité émotionnelle, mais profondément enraciné dans la lucidité, le lien et l’engagement.
Son témoignage révèle une dirigeante capable de naviguer entre vision stratégique, responsabilité sociale et intelligence du cœur.
Elle montre que pleurer n’est pas un échec, mais une manière d’être en lien avec la réalité du vivant.
Qu’une passation peut être un acte d’amour.
Et que ressentir peut être une source de transformation.
Un portrait qui nous rappelle qu’il est possible de diriger autrement.
Et de rester, malgré tout, profondément humaine
Merci à Alexandra Mathiolon pour sa parole juste, courageuse et nécessaire.
